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Peinture : Deux Marocains au Salon d’automne à Paris

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palettepeintureLes artistes peintres marocains Ilham Laraki Omari et Said Haji prennent part actuellement au salon d”automne de Paris, une exposition d’art qui se tient tous les ans depuis 1903 dans la capitale française.

Les deux artistes montrent leurs récentes toiles dans le cadre d’un pavillon réservé par le Salon à l’art contemporain dans le monde arabe avec le participation d’une vingtaine de plasticiens, issus de cette région.

Ilham Laraki, qui fait de la peinture à l’huile sur toile, expose notamment dans le cadre de ce Salon, qui se poursuivra jusqu’à dimanche, sa dernière oeuvre “Matrice”.

Née à Casablanca, cette artiste découvre, très jeune, sa passion pour la danse et la musique. Après des études supérieures en gestion, elle a mis en place son propre atelier de création graphique.

Son penchant pour l’art l’amène à entamer par la suite un cursus académique pour acquérir les techniques nécessaires et parfaire sa formation dans ce domaine. Plusieurs années de formation de dessin et de peinture lui permettront d’approcher l’art sous ses multiples facettes avant de participer à plusieurs expositions internationales notamment aux Etats-Unis, en Italie, en Turquie et en Arabie saoudite.

Pour sa part, Said Haji expose des oeuvres dans lesquelles il raconte l’histoire d’un rescapé qui étale au grand jour, par devoir de mémoire et acquis de conscience, parfois en vrac, les scènes en flash back d’une espèce de voyage au bout de l’enfer.

Said Haji, également romancier et poète. est présent sur la scène culturelle marocaine depuis 1978, date de sa première exposition.

Créé le 31 octobre 1903 à l’initiative d’un groupe d’artistes, le Salon de l’automne se singularise par sa pluridisciplinarité puisque se trouvent mélangés peintures, sculptures, photographies, dessins, gravures, arts appliqués et décoratifs.

Ce Salon, qui se veut une vitrine internationale de la création contemporaine, vise à offrir des débouchés aux jeunes artistes et à faire découvrir l’impressionnisme et ses prolongements au grand public.

Au programme de cette manifestation culturelle figurent notamment des vernissages, des cafés littéraires, des tables rondes et des concerts de musique.

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Le manifeste photographique de Zineb Andress Arraki (1ère partie)

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“Mosaïque  photographiques” appartenant aux albums de Mobilogy- Questioning the Usual- 

Aujourd’hui, nous vous emmenons à la rencontre de Zineb Andress Arraki, et de son exposition « Casablanca CH2O » à la galerie Shart, que vous pourrez apprécier jusqu’au 9 novembre 2013. Cette artiste plurielle mérite grandement que l’on s’attarde au 12, rue El Jihani, pour apprécier son travail photographique et plastique, véritable ode à la ville de Casablanca. Cette exposition est le fruit d’un double commissariat, celui de l’association Cultures Interface et de la Galerie Shart.

 Après une rencontre fortuite avec l’artiste lors de ma visite à la galerie, celle-ci, ouverte et souriante, me donne envie de rentrer dans son univers et de mener mon enquête.

Le rendez-vous est pris le samedi 19 octobre à 15 heures pour rencontrer Zineb Andress Arraki autour d’un Tchat Photo, à L’Institut Français. Ces rencontres autour de la photographie marocaine sont animées par Marie Moignard, historienne de l’art et journaliste.

Aujourd’hui, Zineb est à l’honneur, pour parler de la photographie mobile (prise à l’aide d’un téléphone portable) et de la photographie instantanée, sur le vif, dont elle est une brillante représentante.

 Je suis en avance, et j’aperçois Zineb Andress Arraki, la regarde déambuler, portable à la main, toute de noir vêtu, avant de lui faire signe. Elle sourit, du haut de sa silhouette gracile, en s’avançant vers moi. On sent chez elle une bonté naturelle, et un bouillonnement permanent de l’esprit qui se traduit dans sa gestuelle. Nous prenons place dans une salle de la médiathèque et, petit à petit, celle-ci se remplit, pour qu’enfin il ne reste plus de place vacante. On sent qu’elle est heureuse, notre artiste, de découvrir que son travail suscite autant de curiosité auprès d’un public mêlant des personnes de tous les âges, presque toutes munies d’un petit bloc note pour conserver la trace de cette rencontre.

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Marie Moignard et Zineb Andress Arraki devant l’Institut Français

Marie Moignard débute l’entrevue par un  rappel historique de la photographie instantanée au Maroc, en citant entre autre le Sultan Moulay Abd-al-Aziz, pouvant être considéré comme le premier photographe marocain, qui, au début du 20ème siècle, utilisa le procédé de la plaque stéréoscopique apportée de France par son ami Gabriel Veyre, ou encore Gabriel Soussan et Claude Sitbon, ayant photographié dans les années 60  la communauté juive de la médina de Casablanca, en passant par le grand photographe contemporain Daoud Oulad Sayed, jusqu’à l’évocation du collectif Tiitswi, né dans les années 2000, utilisant Instagram pour dévoiler leurs quotidiens.

Zineb Andress Arraki s’inscrit dans cette longue lignée de photographes appartenant au genre de l’instantané, sans pose ni fard, qui capture les instants de la vie.

 Marie Moignard passe alors la parole à Zineb Andress Arraki pour qu’elle nous parle de son parcours. De l’obtention de son diplôme d’architecte à  l’école spéciale d’architecture de Paris, au début de sa carrière dans le cabinet d’architecture d’Odile Decq et Benoit Cornette à Paris, jusqu’à l’éclosion de son désir photographique, en 2008, provoqué par le rythme soutenu de sa vie professionnelle, et de son besoin de s’échapper, « d’avoir quelques chose qui m’appartenait ». Sa grande maîtrise d’elle-même lorsqu’elle parle contraste avec les nœuds qu’elle forme avec son corps, montre un peu plus la personnalité complexe de l’artiste, entre force et fragilité, entre dynamisme permanent et sagesse intellectuelle.

Zineb Andress Arraki est une femme qui se nourrit littéralement de la littérature, s’en inspire, et s’y retrouve. C’est dans le recueil de Georges Perec, l’Infra-ordinaire, qu’elle nous explique avoir trouvé sa force créatrice et commencé à narrer, à l’aide de son téléphone portable, son quotidien, son habituel,  le même chemin, qu’elle arpente chaque jour, mais  meublé par des moments de vies et des êtres différents.

Chaque jour, sur Facebook,  trois photographies sont publiées, qui racontent une histoire et s’articulent entre elles. C’est le début de l’aventure  Mobilogy, suite d’albums photographique visant à « questionner les choses et les regarder pour essayer de les comprendre ».

Mobilogy , allie mobile, son outil de création et anthropology, science qui vise à l’étude de l’homme et des groupes humains. Et ce titre s’explique par la théorie de Perec, développée dans l’Infra-ordinaire : « (…) fonder enfin notre propre anthropologie: celle qui parlera de nous, qui ira chercher en nous ce que nous avons si longtemps pillé chez les autres. Non plus l’exotique, mais l’endotique.(…)Interroger ce qui semble tellement aller de soi que nous en avons oublié l’origine. (…).

 Mobilogy démarre à Paris, puis rentre dans les valises de Zineb au Maroc, celle-ci poursuivant son travail dans les villes marocaines, avec un attachement particulier à Casablanca, où elle est née et où elle réside. Petit à petit, Mobilogy devient un véritable succès sur internet, les internautes se prenant au jeu de ses brèves de vie et attendent, chaque jour, la suite des aventures de notre exploratrice. Elle est ensuite repérée par les professionnels du monde de l’art et est exposée, entre autres, durant la fameuse soirée Contemporary Morrocan Roots du 11-11-11 organisée par Amine Bendriouich,  au sein du prestigieux Espace culturel Louis Vuitton pour une exposition collective, intitulée  Autobiographies , et est invitée  à la première participation du Maroc à la biennale de photographie d’Amsterdam.

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Casablanca CH2O

Mobilogy, véritable performance artistique depuis près de cinq ans, tient une place importante dans la vie de l’artiste et a aujourd’hui pris racine dans la galerie Shart, accompagné de photographies grand format prises avec son Canon G12, et deux installations. Et c’est là-bas que me conduit Zineb Andress Arraki, dans le calme annuel de la ville, désertée par ses habitants célébrant gaiment l’Aïd el Kébir, aux quatre coins du Maroc et au-delà.

Dans un café proche de la galerie, je peux enfin poser les questions qui se bousculent dans mon esprit depuis plusieurs jours. La photographie est pour elle une étude préparatoire à l’édification de quelque chose, d’une pensée, d’une réflexion. A son retour au Maroc en 2011, elle décide de créer sa propre société ZAA, qu’elle décrit comme un atelier, qui lui permet de concevoir des projets artistiques  ou des commandes. Zineb Andress Arraki partage son temps entre l’architecture, la photographie, les cours qu’elle donne à la faculté d’architecture de Casablanca, et toutes les autres opportunités qui peuvent se présenter à elle.

C’est sa première exposition personnelle. Je lui demande comment elle se sent. Elle est surprise et heureuse du succès et des retours positifs de l’exposition, du rendu et de la qualité des impressions de ses photographies et de ses installations. Pour retracer la genèse de l’exposition, il faut parler de la rencontre entre Nawal Slaoui et Zineb Andress Arraki, dès son retour au Maroc. Nawal Slaoui, personnalité très reconnue du milieu de l’art contemporain marocain pour son  activité dynamique et sa défense acharnée de la création contemporaine, en tant que galeriste, collectionneuse d’art, ayant contribué à la création de la fondation Actua de Attijariwafa bank, collaborant avec des artistes marocains dans diverses projets et depuis 2010, en temps que fondatrice de  Cultures Interface. Avec pour vocation «  la production et la diffusion de la création contemporaine du Maghreb».

C’est donc la rencontre parfaite pour Zineb, qui commence à collaborer avec Nawal Slaoui sur divers projets, dont l’exposition collective « The World is not as I see it » où Zineb partageait l’affiche avec Amina Benbouchta, Hicham Berrada, Simohammed Fettaka et Driss Ksikes. Cette exposition a été présentée à la galerie  Dominique Fiat à Paris et au Musée de la fondation Abderrahman Slaoui de Casablanca.

L’envie de monter l’exposition personnelle de Zineb Andress Arraki vient de Nawal Slaoui et de son ami et collaborateur Hassan Sefrioui, directeur de la galerie Shart, haut lieu de culture Casaoui.

Constance Durantou-Reilhac

La Seconde Partie de l’article : Le manifeste photographique de Zineb Andress Arraki (2ème partie)

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Encadré : 

  • À  suivre et à recommander

 

Zineb Andress Arraki sur FB et sur son site perso, et à la galerie Shart  jusqu’au 9 novembre

  • À suivre assidument 

 

L’actualité de la Galerie Shart 

 

L’actualité de Cultures Interface 

 

 

  • À dévorer dès sa parution en 2014  

 

Le livre de Marie Moignard, « Une histoire de la photographie Marocaine. » 

Le supplément de La vie éco du 19  décembre 2008 

À consulter de toute urgence pour en savoir plus sur le patrimoine architectural de Casablanca 

 

Le site de Casamémoire « Association de sauvegarde du patrimoine architectural du XXe », qui organise depuis 2011 chaque année avec l’Institut Français dans le cadre de la saison culturelle France-Maroc, L’Université Populaire du Patrimoine, un cycle de conférence pour : « proposer au public l’enseignement nécessaire à la compréhension du patrimoine et de ses enjeux dans notre société. », et bien sûr les Journées du Patrimoine, qui célèbreront en 2014 leur 5ème anniversaire.

 

 

 

Le manifeste photographique de Zineb Andress Arraki (2ème partie)

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Allégorie de la vie et de la mort de Casablanca

 

Casablanca CH2O, pour Zineb Andress Arraki, c’est  la mise en lumière du « statut particulier de Casablanca à travers l’histoire, de cette ville cosmopolite aujourd’hui en train de prendre un chemin alarmant parce qu’elle perd son identité ». Le titre de l’exposition est tiré d’une formule chimique, la molécule CH2O, le méthanal. Pour elle Casablanca est « dans ce liquide où tout peut exploser, guérir, se conserver ou mourir ». L’exposition est l’occasion pour elle de faire un  « statement » (une déclaration) sur la ville et de poser la question : « Et maintenant on fait quoi ? », débattre du sort de la ville, entre devoir de mémoire et mutation.

 

Elle explique qu’il est important pour elle de lier la photographie et l’installation, en parlant de « déformation professionnelle » en tant qu’architecte, et de son besoin d’associer une pièce emblématique à son travail, qui exprime la synthèse de toute sa pensée, ici de son travail sur Casablanca.  La pièce-emblème de l’exposition est Casablanca  outre-tombe. Personne ne peut rester insensible face à cette tombe austère qui lui fait face, placée juste à l’entrée derrière les portes de la galerie Shart. Sa particularité est qu’elle se trouve être enveloppée d’un monochrome de miroir. Stupéfait, on se regarde face à nous-même, heurté de retrouver notre image sur le corps d’une tombe. Elle nous renvoie à notre condition humaine et à la fragilité de la vie, de notre monde, de notre ville. Zineb Andress Araki nous met directement face à nos failles, nos craintes, et on ne peut s’empêcher de se demander quel monde on construira pour demain et ce qu’on laissera derrière nous.

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Zineb Andress Arraki devant El Makane- 2013- Tirage numérique sur papier Harmann cotton smooth

Casablanca pour elle, c’est le début du 20ème siècle, sous le protectorat, avec les architectes Henri Prost et Michel Ecochard, « l’heure de gloire », au temps où elle bénéficiait d’une vrai politique de ville, reconnue internationalement pour sa modernité. Ce sont certains discours politiques qui ont « détruit beaucoup de choses », c’est la construction d’édifices dos à la mer ou encore l’absence d’espace public. Casablanca n’est pas une architecture « mais trente-six mille », les bidonvilles, le patrimoine issu du protectorat, ou encore les usines de Aïn Sebâa,  tout cela représente pour elle la ville blanche, mais pas la nouvelle production, usine architecturale, issue d’investissement productifs.

 

Mais lorsqu’on lui demande quel regard général elle porte sur Casablanca, un silence s’installe durant quelques secondes, avant qu’elle ne glisse d’une voix fluette et délicate : «  C’est mon amour Casa ». Et l’on sent qu’elle l’aime son Casablanca en exposant des clichés de toute la ville, quartiers, maisons, des Habous à Bouskoura, de l’ancien aéroport d’Anfa à la corniche, de Sidi Bousmara au Boulevard d’Anfa.

 

Avenir et  postérité de Casablanca

 

Ce qu’elle souhaiterait pour Casablanca c’est : « une vraie identité architecturale dans les dix ans à venir, qu’on redéfinisse et questionne l’espace public, ce qu’on a le droit d’y faire ou pas ». La question de l’espace public est pour elle le débat central de l’avenir de Casablanca. Quand on lui demande quel modèle de réussite de réaménagement urbain pourrait être donné en exemple,  elle parle de George Candilis, architecte et urbaniste grec,  ayant collaboré avec Le Corbusier, créant dans les années d’après- guerre des logements sociaux, le quartier de l’Habitat d’El Hank de Casablanca, qui pour elle pose les bonnes questions par rapport à une  problématique, un contexte et un temps T. Pour elle, si l’on avait les mêmes démarches  aujourd’hui, privilégier les valeurs et les gens plus que l’argent, on réussirait à créer pour demain.

 

Zineb Andress Arraki dit qu’elle «aime la ville pour ce qu’elle a été, pour certains côtés d’elle aujourd’hui, mais que l’on ne peut pas rester sur le même chemin sinon nous n’aurons plus d’intérêt,  nous ne serons rien. Nous sommes à un carrefour et il faut prendre un sentier pour créer autre chose (…) ». Pour elle, on n’a pas encore créé de solutions qui pourraient sauver la ville, « le territoire du possible n’est pas encore né »,  il faut créer des espaces qui ressemblent au Maroc, ressemblent à Casablanca et pas à d’autres villes du monde.

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 Zineb Andress Arraki et Hassan Sefrioui devant  Casablanca’s vertical spleen – 2013 

Son bâtiment préféré à Casablanca est le stade Larbi Benbarek (ex-stade Phillip), qui est pour elle un bâtiment à sauvegarder et à réhabiliter : «  J’aime particulièrement le stade Phillip, une architecture brutaliste, qui  s’insère dans la rue et dit des choses en façade, un endroit à réhabiliter, à donner  à des gens pour autres choses, pour créer un autre lieu culturel ». Rappelons brièvement l’histoire délicate de cet édifice, ayant coûté  très cher aux contribuables,

argent disparu par magie des caisses, laissant le stade en stand-by,  des travaux inachevés et des malfaçons, qui laisseront moult anomalies et faiblesses,  au détriment du public et des joueurs. Depuis, entre les idées de démolition ou de reconstruction, le terrain est toujours là.

 

Pour elle, la situation du Maroc lui fait penser à un discours, dans les années 60, d’Albert Camus : “Dans l’affreuse société où nous vivons, où l’on se fait un point d’honneur de la déloyauté, où le réflexe a remplacé la réflexion, où l’on pense à coups de slogans et où la méchanceté essaie trop souvent de se faire passer pour l’intelligence, je ne suis pas de ces amants de la justice qui veulent que l’appareil de la chaîne redouble, ni de ces serviteurs de la justice qui pensent qu’on ne sert la justice qu’en vouant plusieurs générations à l’injustice! Je vis comme je peux dans ce pays malheureux, riche de son peuple et de sa jeunesse, provisoirement pauvre dans ses élites. Sans liberté vraie et sans un certain honneur, je ne puis vivre. Voilà l’idée que je me fais de mon métier.” Ce texte est pour elle complètement contemporain au Maroc.

Je lui demande de me livrer un de ses rêves en tant que photographe, elle me dit vouloir trouver une autre problématique, travailler sur l’humain, sur les Casaouis… On attend déjà cela avec impatience. Étant lauréate ex-aequo avec AOK (atelier Omar Kariri) du concours L’MAGANA de Gueliz, ayant pour but de concevoir une horloge urbaine telle une insigne qui représenterait le quartier, elle veux mener à terme les études de faisabilité de sa création et amorcer une proposition pour l’appel à projet en vue de la création du Musée de Dakhla avec deux confrères à elle.

 

 

En tant qu’architecte, la ville interpelle Zineb Andress Arraki  à chaque moment, et la photographie est sûrement le moyen de dévoiler aux autres ce qu’elle voit, ce qui la touche, l’interpelle. A sa manière,  dans son travail elle humanise la ville, elle la rend plus proche de nous, plus personnelle, comme si l’on pouvait se l’approprier et donc en même temps vouloir réagir à sa transformation ou sa sauvegarde.

Cette exposition est un appel au réveil d’une conscience collective sur la situation actuelle de Casablanca, une manière de poser la question de son devenir, de représenter toute la complexité de cette ville explosive, qui éclot à chaque instant, dont le patrimoine architectural est à protéger de toute urgence, et dont certaines dérives architecturales doivent être raisonnées. Zineb Andress Arraki est avant tout une femme profondément attachée aux Casaouis, qui veut relever les imperfections architecturales et urbanistiques pour le bien-être de sa communauté et tenter de créer un mieux vivre ensemble. C’est un message d’espoir et d’avenir qu’elle nous livre, croyant plus que jamais en sa ville.

 

Cette exposition débute peu après le fameux discours royal du 11 octobre, durant lequel le Souverain a pointé du doigt la « déficience » de Casablanca et de ses « disparités sociales », jugeant la gestion des instances élues « défectueuse » pour une ville « parmi les plus riches du Maroc ». Ce discours, qui va, nous l’espérons, provoquer l’essor d’une nouvelle considération de la ville et de ses habitants par les politiques locales et nationales, est représentatif d’une ville complexe, où seulement 20% des interrogés d’un sondage de La Vie Eco en 2008 se déclaraient satisfaits de leur qualité de vie, où seulement 23% habitants connaissait le nom du maire et 10% connaissaient le nom du Wali, mais  que plus d’une personne sur deux ne voudrait pas quitter Casablanca pour une autre ville. Comme dirait Zineb Andress Arraki : «  C’est mon amour Casa ».

Constance Durantou 

 

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Encadré : 

  • À  suivre et à recommander

 

Zineb Andress Arraki sur FB et sur son site perso, et à la galerie Shart  jusqu’au 9 novembre

  • À suivre assidument 

 

L’actualité de la Galerie Shart 

 

L’actualité de Cultures Interface 

 

 

  • À dévorer dès sa parution en 2014  

 

Le livre de Marie Moignard, « Une histoire de la photographie Marocaine. » 

Le supplément de La vie éco du 19  décembre 2008 

À consulter de toute urgence pour en savoir plus sur le patrimoine architectural de Casablanca 

 

Le site de Casamémoire « Association de sauvegarde du patrimoine architectural du XXe », qui organise depuis 2011 chaque année avec l’Institut Français dans le cadre de la saison culturelle France-Maroc, L’Université Populaire du Patrimoine, un cycle de conférence pour : « proposer au public l’enseignement nécessaire à la compréhension du patrimoine et de ses enjeux dans notre société. », et bien sûr les Journées du Patrimoine, qui célèbreront en 2014 leur 5ème anniversaire.

 

Témoignages d’un enfant du communisme

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Nous partons en voyage, à la rencontre des œuvres de l’artiste russe Vitaly Rusakov.

Le grand départ est prévu le 29 octobre à 19 heures à la galerie Yakin et Boaz de Casablanca, pour le vernissage de l’exposition : « Images d’enfance ».

Nous vous conseillons de prendre votre envol rapidement vers la galerie, car cette opportunité vous est offerte seulement jusqu’au 9 novembre. Plongez dans la mémoire de l’enfance de Vitaly Rusakov, qui ressuscite les souvenirs de son passé et ceux d’une histoire révolue : les dernières années du soviétisme.

Vitaly Rusakov est né dans les années 80, à Ekaterinbourg en Russie. Il commence à s’exprimer à l’aide de craies et de morceaux de charbons sur les murs de sa ville natale à la fin des années 90. Rusakov est un représentant du « Street Art » ou « Art urbain » qui, rappelons-le, s’est développé dans les années 60, à New-York, avec les artistes Keith Haring, Jean-Michel Basquiat ou encore Taki 183. Il participera à de nombreux événements et concours de Street art dans son pays et à l’étranger. Depuis 2007, Vitaly Rusakov fait partie de « l’écurie » Jardin Rouge, résidence d’artistes créée par la Fondation Montresso. Jardin rouge est un cadre rêvé pour l’émergence de jeunes artistes prometteurs, situé près de Marrakech. Vitaly Rusakov travaille depuis 6 ans sur des séries de toiles, qui lui ont permis de se faire connaître dans le monde de l’art et de participer à de nombreuses expositions à travers le monde. Il est aujourd’hui représenté par le réseau Opera Gallery et par la Fondation Montresso, dans le cadre de l’exposition « Images d’enfance » qui débute sa tournée mondiale en faisant escale à la galerie Yakin et Boaz.

Cette exposition révèle une quarantaine d’œuvre, qui représentent l’aboutissement d’un travail de mémoire, de recherches et de création de plusieurs années. Rusakov nous livre les images de son enfance, dans une époque troublée et contrastée, étant à la fois témoin du déclin inexorable du soviétisme et spectateur des traces de son glorieux passé. Il dévoile des épisodes de la vie quotidienne et des évènements marquants de l’histoire Russe, habillés d’une enveloppe de couleurs saturées qui évoqueront au public la mouvance du Pop Art et de son représentant le plus célèbre, Andy Warhol.

C’est à la fois un portrait historique et autobiographique que nous livre Vitaly Rusakov, reflet d’une certaine nostalgie qui ne saurait toutefois passer outre les aspects sombres de l’ère communiste. En effet, on trouve, entre le portrait de « Grand Père » Lénine et celui du « Cosmonaute Leonov », des œuvres décrivant la propagande par l’image de la machine gouvernementale soviétique, ou encore l’attente de l’approvisionnement des habitants.

Vitaly Rusakov a ainsi créé une œuvre cohérente, en partie bâtie sur le contraste de la réalité des adultes, avec des tons sombres, et l’innocence de sa vision d’enfant, à travers de jeunes garçons et filles habillés de couleurs vives.

La Russie, malgré sa sortie du communisme, conserve dans sa mémoire et dans son cœur le souvenir d’avoir été une grande puissance au leader incontesté. Et pour l’artiste, le pays a retrouvé dans sa forme de gouvernance actuelle l’écho de ses années fastes.

Entre fresque historique et portrait sociologique, cette exposition dresse le portrait d’une époque à découvrir, ou redécouvrir sous un nouvel angle.

Rendez-vous donc au plus vite à la galerie  Yakin et Boaz, au 11, rue Abou Al Kacem Al Kotbari, à Casablanca, jusqu’au 9 novembre, pour faire connaissance avec l’œuvre de cet artiste atypique.

Constance Durantou-Reilhac

“La Nuit des Galeries” ouverte à Marrakech

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“La Nuit des galeries”, lancée par le ministère de la Culture pour la 8ème année consécutive, représente une initiative pionnière qui rend hommage aux arts et aux artistes marocains, ont souligné vendredi dernier à Marrakech des artistes marocains.

Lors du vernissage d’une exposition qui s’inscrit dans le cadre de cette manifestation d’envergure nationale, ces artistes ont relevé que “la Nuit des galeries ” a eu un écho favorable aussi bien auprès des artistes qu’auprès des amateurs des arts plastiques.

Cette manifestation favorise un contact direct entre l’artiste et le public et participe à la promotion des arts plastiques au Marocrr, ont-ils ajouté.

Cet événement culturel, devenu désormais un rendez-vous annuel très attendu, met en valeur la création artistique et consacre le rôle que doit jouer l’art au sein de la société, affirme Larbi Lachhab, un des artistes participant à cette exposition à la Galerie Bab Doukkala.

L’art est un véritable indicateur de développement des nations, a souligné Larbi Lachhab, affirmant que “la Nuit des galeries” est une initiative de nature à donner une forte impulsion à la création artistique au Maroc.

De son côté, l’artiste Mohamed Bendouri a relevé que cet événement culturel offre l’opportunité à des artistes appartenant à des écoles et des générations différentes de se rencontrer et partager leurs expériences.

Et d’ajouter que cette manifestation a aussi permis la réouverture de la Galerie publique Bab Doukkala réaménagée par le Conseil communal et la wilaya de la région, spécialement pour abriter cet événement

Il a assuré que les artistes ne ménageront aucun effort pour que cette galerie chargée de mémoire reste ouverte et retrouve son éclat d’antan.

Cette exposition visible aux cimaises de la galerie Bab Doukkala jusqu’à la fin du mois de novembre, connaît la participation de 10 artistes. Il s’agit de Larbi Lachhab, Mohamed Bendouri, Aicha Najmadine, Mohamed Rassifi, Chabi Abderrahman, Abdelaziz Abbassi, Omar Zaid, Mohamed Ghaline, Driss Hilmi et Zouhair Hilmi.

La Nuit des galeries, manifestation artistique lancée d’abord dans des villes pilotes avant qu’elle ne se généralise à l’ensemble des villes marocaines, vise principalement à rapprocher l’art du public et à contribuer à l’animation des espaces dédiés aux expositions artistiques.

Des artistes en herbe, âgés entre 18 et 30 ans, sont eux aussi associés à cet événement culturel à travers un concours national dont le lauréat sera gratifié par une exposition et un catalogue de ses œuvres.

La 8ème édition de “la Nuit des galeries” se distingue cette année par la participation de plus de 80 galeries et espaces d’exposition répartis sur plus de 25 villes du Royaume.

Le Carrousel mots et images de Kawiak Tomek

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Exposition « Mots Images » du 14 novembre au 7 décembre 2013
«Car le mot, qu’on le sache, est un être vivant.» Victor Hugo (1802-1885)
Les Contemplations, suite 1, 8

L’artiste Tomek Kawiak investit l’espace de la galerie Yakin et Boaz de Casablanca du 14 novembre au 7 décembre 2013 avec l’exposition «Mots Images». Allez de ce pas pénétrer dans l’univers d’un artiste pluriel,  à la fois peintre, plasticien et sculpteur, aux influences résolument multiculturelles.

Tomek, septuagénaire de l’art contemporain

Tomek est né dans les années 40 en Pologne. Après avoir décroché le diplôme de l’Académie des Beaux- Arts de Varsovie en peinture, graphisme, céramique et architecture, il étudiera la sculpture à l’École des Beaux-Arts de Paris chez César, éminent sculpteur français, ayant fait partie du mouvement des Nouveaux Réalistes et célèbre pour ses fameuse compressions, dont l’une d’elle est devenu le fameux trophée en bronze de la cérémonie des Césars français. Kawiak Tomek  a ensuite été professeur durant 14 ans à l’Institut d’Art d’Orléans et a par la suite obtenu la naturalisation française. Il vit aujourd’hui entre la France et Tanger. Tomek est un artiste exposé et renommé à l’international, et bon nombre de ses pièces appartiennent à des collections publiques et privées du monde entier, tels que le musée Paul Valéry de Sète en France, l’Institut Français de Tanger-Tétouan, le musée de Lublin en Pologne, le musée d’Art Moderne de New-York aux Etats-Unis ou encore la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc.

Tomek s’exprime artistiquement par l’usage de divers médiums, essentiellement la sculpture, la peinture et le dessin. Kawiak Tomek est particulièrement reconnu pour son utilisation récurrente et insolite du motif du “Jean” (denim), qu’il décline dans bon nombre de ses œuvres. Selon l’artiste : «(…) L’art est le reflet de notre époque et de notre civilisation. Sculptés dans le bronze ou ciselés dans le marbre, le jean et ses poches deviennent objet d’art et de désir. (…) Il n’y a pas de différence entre l’art du présent et l’art du passé, entre la tunique grecque sculptée en marbre et le jean moulé en bronze(…)Le jean est presque le livre des corps. Le jean est donc devenu un thème, un objet, un mythe de la littérature. (…)Tous les vêtements s’usent, il est vrai, mais seule l’usure du jean est positive. En effet, le jean n’est pas un produit fini, le temps est son couturier».

Tomek  nous évoque par son choix de matériau-fétiche le célèbre Jean-Pierre Raynaud, artiste plasticien français qui se sert entre autre de carreaux de céramique blanche ou de pots de fleurs remplis de ciment de manière répétitive.

On sent Tomek proche du mouvement et de la pensée du Nouveau Réalisme, et c’est le cas, lorsque l’on découvre que l’œuvre de l’artiste a provoqué l’interprétation du grand critique Pierre Restany, théoricien du mouvement du Nouveau Réalisme, courant né dans les années 60 qu’il décrivit  comme un : «recyclage poétique du réel urbain, industriel et publicitaire». Selon Pierre Restany, «(…) La sculpture de Tomek tire toute sa richesse sémantique de ses rapports entre le désir et la mémoire. Et c’est là en effet que l’esthétique rejoint la morale, c’est-à-dire la philosophie de l’action des hommes. Les sculptures de Tomek nous apparaissent ainsi tout naturellement, sans la moindre surprise, comme des objets symboles de notre identité quotidienne. La vie de tous les jours est transcendée par ce rappel impérieux du désir dans notre mémoire. C’est en nous invitant à mettre la main dans la poche que le sculpteur réalise l’un des miracles du talent, l’insertion de l’être au cœur de son propre désir, qui est aujourd’hui encore poésie pure».

« J’aime que les mots soient jetés comme ça »

L’exposition  de la galerie Yakin et Boaz rassemble une trentaine d’œuvres, dont une série récente autour de la thématique des Mots. Tomek joue avec les mots du quotidien, du banal, qu’il inscrit sur la toile tels des slogans, poussant l’observateur à regarder et réfléchir aux mots brandis sous ses yeux et aux sens qu’ils peuvent prendre. Les mots prennent formes sur la toile de manières différentes, pouvant faire penser à des tampons,  des sigles ou des panneaux de signalisation. L’artiste nous dévoile des mots usuels qu’il traduit en arabe, anglais ou français, comme pour créer un lien resserré entre les cultures par la force des mots. Même lorsque la langue nous est étrangère, l’ambiance que crée Tomek nous permet d’en comprendre le sens, tant la simplicité des formes et leur force évocatrice nous renvoie à nos connaissances. Ses toiles sont criblées par des tampons et des dessins de mots, de messages, de schémas, dans des tons saturés et vifs, qui perturbent et attirent le regard. Les mots sont exhibés et rassemblés sur la toile, tels des graffitis sur des murs de pierre.

L’une de ses toiles, «Hobb» (2012)- Amour, love, m’a laissée interrogative. Cette œuvre est une vision de l’amour,  où l’artiste a fait figurer sur un tampon «AMOUR, HOBB, LOVE», répétés sur la toile à de nombreuses reprises. Trois mots qui désigne l’amour, universels et égaux. La singularité de ce tampon, c’est qu’il se compose d’un cerne en forme de cœur, puis d’une autre, m’évoquant indéniablement le symbole de la tête d’un bovin, qui contient les trois mots. Hobb, écrit en alphabet arabe en haut et en bas de la toile, prend par ses courbes des allures de cornes, et la composition entière prend des airs de «marquage au fer de l’amour». À la fois doux, poétique, abrupt et violent. Selon moi, la belle force du travail de Tomek, c’est qu’il renvoie  chacun de nous, selon nos représentations et imaginaires personnelles, à des ressentis différents, mais qui rassemblent au-delà des cultures.

« Objets sculptures- Vivre, c’est défendre une forme ! »

La seconde partie du travail de Tomek exposé à la galerie Yakin et Boaz sont les «objets sculptures». Dans les pièces exposées, on sent l’ancrage profond de l’artiste à Tanger, et au Maroc. Il reprend des objets de la vie quotidienne : bouilloire, ruban de fromage «beldi», chtaba, ou encore les briques qu’il métamorphose en sculptures de bronze, aluminium, fer ou céramique. Il questionne donc leur place, leur importance, et leur offre un «piédestal», comme pour signaler l’ancrage de ses objets dans notre société. Une sorte d’hommage à la culture marocaine du quotidien. L’œuvre «Grande chtaba» (2010), représentant une balayette marocaine, abrite un oiseau délicat,  tendrement poétique et donne un sens nouveau à cet objet consacré.

Ce travail de récupération d’objets usuels nous ramène indéniablement aux prémices de cette pratique : les ready-made de Marcel Duchamp, artiste colossal du 20ème siècle, qui par son œuvre a radicalement bouleversé l’art et a inspiré et ouvert la voix à de nombreux artistes et mouvement tels que le Surréalisme, le Pop Art,  le Nouveau Réalisme ou encore Fluxus.

«Dessins-Coup de cœur-Les yeux dans les mots !»

L’exposition présente également plusieurs séries de dessins sur la thématique du tatouage. On retrouve sur chacun d’eux la présence du jean, marque de fabrique de l’artiste, qui devient l’une des marques d’universalité des êtres représentés et qui laisse découvrir des symboles divers. Pour l’artiste, «les tatouages que je mets en scène dans mes dessins sont puisés de toutes les civilisations. Ce sont des sortes de valeurs partagées, des codes de reconnaissance ; ils participent au dialogue des cultures et induisent par conséquent un réel métissage. On peut les appréhender comme des images sur le corps, un support vivant que l’on va lire comme une bande dessinée. Et n’oublions pas que dans «métissage», il y a «message» ». L’artiste nous offre un voyage autour du monde de la culture du tatouage, qui marque, unit, symbolise, ou glorifie la vie sous toutes ses formes.

D’un moment à un autre… Lorsque nous migrons d’une terre à une autre, et que nous foulons dans les premiers moments cette terre que nous ne connaissons pas, que nous apprenons à la ressentir, petit à petit nous nous sentons basculer, entre l’instant où cette culture qui nous était inconnue nous devient familière, quand nous commençons à l’écouter, à l’embrasser pour finalement l’épouser complétement. Notre culture n’est pas immuable, elle subit des mutations permanentes, en fonction de nos ports d’attache, de nos découvertes ou de nos appréciations. Nos cultures se lient, se tissent, se métissent, et l’ont fait de tous temps. L’un des fruits de ses hybridations culturelles est l’œuvre de Kawiak Tomek, immanquable nomade, aux influences multiples, entre pop art et nouveau réalisme, qui crée un langage de l’interculturel, pour le plus grand bonheur de ceux qui croient en la richesse du croisement.

Constance Durantou-Reilhac

Hommage à Mohammed Kacimi : Le geste extrême d’un artiste total

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Voilà dix ans que Mohammed Kacimi a disparu, mort brutalement d’une hépatite C. Son œuvre colossale, partie essentielle de l’histoire de l’art marocain, s’est retrouvée, au lieu des musées où elle aurait dû être exposée, dans les tribunaux, au sein d’une bataille entre les amoureux de l’art et de l’artiste, et certaines personnes cupides ne voyant en le patrimoine du peintre que sa valeur monétaire. Ainsi, durant cette triste décennie, les œuvres du maître n’ont été que très rarement visibles pour le public, et selon certains, étaient sur le point d’être perdues à jamais. Heureusement, la justice a fini par trancher en faveur de la veuve de feu Kacimi et de sa fille, et elles ont pu avoir de nouveau accès à ses œuvres, jusque-là sous scellés dans son atelier de Temara.

Après réappropriation et restauration du patrimoine artistique de Mohammed Kacimi, la fondation Bank Al-Maghrib lui réserve enfin l’hommage qu’il mérite, à travers cette exposition hommage au siège de la fondation à Rabat, intitulée « L’art comme geste extrême », dont le vernissage s’est déroulé le mercredi 27 novembre, et qui se poursuivra jusqu’en mars 2014. L’exposition a été construite comme rétrospective du travail de peintre de Kacimi, et de l’évolution de son art pictural tout au long de sa carrière. De l’aveu même du commissaire de l’exposition, M. Zahi, limiter la carrière artistique de Kacimi à ses peintures ne lui rend pas justice. Toutefois, il eût été impossible de recréer ses autres créations, comme ses fresques murales ou ses oriflammes, pour des raisons pratiques et spatiales. A cet égard, un ouvrage lui sera consacré, dont la parution est prévue pour le premier trimestre 2014, et qui abordera ces aspects de l’œuvre du maître, en parfait complément de l’exposition.

Toile-sans-titre,-2001

Pour le non-initié, la première chose qui vient à l’esprit à la vue des œuvres exposées est une question : l’exposition est-elle bien consacrée à un seul artiste ? Les tableaux semblent en effet tellement contrastés. Différences des tailles, des styles, des couleurs, des thèmes, de la matière même… on comprend instantanément qu’il ne s’agit pas d’une simple exposition mais du témoignage d’une vie, dont chaque détour, chaque nuance ont amené l’artiste à s’exprimer différemment, à renouveler son art, à varier son geste. L’exposition nous invite à un voyage dans le monde de Kacimi, nous offre la chance d’être témoins de son évolution, de ses mutations au fil du temps. Depuis les premiers tableaux de l’artiste, fortement influencés par l’école de la figuration, à ses dernières œuvres, dans lesquelles il explore des thèmes tels que les Atlassi des ou les conteurs africains, en passant par son rattachement passager au mouvement abstrait de son ami Miloud Labied, et par ses toiles engagées en faveur de la cause palestinienne, nous découvrons un peintre aux multiples facettes, qui s’est laissé porter par ses inspirations pour tout le temps se remettre en cause, se renouveler, voire renaître.

Bien évidemment, les toiles ne sont pas admirables par leur seule variété. On ne peut rester insensible face à elles, elles interpellent le spectateur par leur puissance évocatrice, par les sentiments qui se dégagent des moindres coups de pinceaux, par cette matière presque palpable qui les compose, invitant à les sentir, à les toucher, donc à les vivre. Si les inspirations de Kacimi ont évolué au fur et à mesure de sa carrière, son expression a évolué également. Parfois il nous parle avec des personnages, comme ces deux jeunes garçons, expression pure de l’amitié dans un cadre chaud et boisé, parfois avec des symboles, comme ce martyr allongé sur le sol, qui semble ligoté, sur un fond rouge et noir, et qui exprime l’attachement de l’artiste à la cause palestinienne. Il a exploré l’écriture, à travers de somptueux travaux sur la calligraphie. Enfin, à l’apothéose de son art, il a parlé avec les corps, déclarant « chaque corps est le centre du monde ». Ces corps sont utilisés comme vecteurs d’impressions purs, à la fois réduits à des silhouettes de chair et de sang, et sublimés par le désordre et la sensualité qui s’en dégagent.

Ces différents langages du maître reflètent parfaitement la manière extrême avec laquelle Kacimi vivait son art. Ses expériences, comme ses travaux avec les patients de l’hôpital psychiatrique de Berrechid, ses septs haïks avec les tanneurs de Marrakech, ses constantes remises en question qui lui firent se demander « est-ce que les choses sont finies comme ça ? », sont autant de témoignages de la brillante créativité d’un artiste qui vivait et pensait par l’art, et pour l’art. Son œuvre est plurielle à l’extrême, et ainsi elle en devient universelle, et intemporelle, ce qui fait déclarer à certains que « Kacimi est plus contemporain que les contemporains ». Cette exposition à la Fondation Bank Al-Maghrib est à visiter de toute urgence, et doit être vécue comme un hommage que l’on n’attendait plus à un artiste essentiel dans l’histoire de l’art marocain au 20ème siècle.

Selim Benabdelkhalek

Hicham Lahlou : Le Design au corps

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Nous avons eu la chance de rencontrer le designer franco-marocain Hicham Lahlou juste après la fin de son exposition à la galerie d’art CDG de Rabat, la première consacrée au design par cette fondation. Cet artiste est une figure incontournable de la scène artistique marocaine et internationale, et considéré comme l’un des pionniers du design au Maroc. Hicham Lahlou a partagé avec nous ses projets, désirs, contrariétés, et ses engagements à un moment clé de sa vie d’artiste. Rencontre avec un créateur inévitable, précurseur et novateur.

« Le design m’a pris et j’ai pris le design »

Hicham Lahlou est architecte d’intérieur, designer et designer industriel-urbain. Il a fait ses études à Paris, à l’Académie Charpentier, où il a obtenu le diplôme d’architecture d’intérieur et de design. Hicham Lahlou nous explique : « le design m’a pris et j’ai pris le design. J’ai compris très tôt que le design contenait toutes les disciplines, et que par là il alimenterait ma profonde curiosité». La conception du design selon Hicham Lahlou est la suivante : « La fonction dicte l’esthétique. Les gens qui pensent que le design, c’est uniquement du beau, je leurs dirais que c’est du beau mais que c’est l’utile qui fait le beau. On peut acheter une poignée de porte design, mais avant tout, sa fonction est d’ouvrir une porte ; tout comme un abribus, sa fonction est d’abriter. Le design est aussi la démarche, ce que l’on raconte. Le design pour moi est un travail pour créer une démarche en s’appuyant sur l’histoire et sur la fonctionnalité. Je m’inscris pleinement dans la vision du fondateur du Bauhaus, Walter Gropius, qui disait que ce qui prime dans le design est la fonction.»

Hicham Lahlou est reconnu au Maroc pour ses créations de mobilier urbain, concepts d’hôtels, de plateaux de bureaux, d’identités de marques, de packaging, d’architecture commerciale ou de design stratégique. À l’international, Hicham Lahlou s’est fait connaître par ses créations design dans l’univers du mobilier, des arts de la table, des luminaires et d’objets divers, en signant des collections pour de grandes marques. Il signe aujourd’hui chez Serralunga, qui fait partie des plus grandes marques de design au monde et qui fait édite Philippe Starck, Zaha Hadid ou encore Vico Magistretti, des personnalités incontournables du  monde de l’art et du design. Il a collaboré avec Nodus, éditeur design de tapis de luxe, qui fait signer les frères Campana ou Matali Crasset, ou encore avec l’agence Ecart International, fondée par Andrée Putman. Il a été primé et exposé internationalement pour son travail de designer, et il est également sollicité fréquemment en tant qu’intervenant pour de nombreuses manifestations d’envergure. Il a fondé en 2009 la FEMADE (Fédération Marocaine du Design Industriel), et œuvre de cette façon  à la reconnaissance et à l’émergence du design marocain. Il est d’ailleurs parvenu à faire signer une convention officielle en avril 2011 entre la FEMADE et l’OMPIC (Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale), sous le patronage du Ministère de l’Industrie qui participe à la mise en avant du rôle important du design dans la société, le commerce ou l’innovation à l’échelle du Maroc.

 

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Une exposition singulière : Play Design by Hicham Lahlou

L’exposition Play Design a accompagné les célébrations de la ville de Rabat, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle est le fruit d’un travail de préparation intense, qui rassemble une sélection de l’impressionnante variété de projets que l’artiste a réalisés. Elle présente des pièces du designer, accompagnées de panneaux explicatifs de grande qualité. L’exposition présente des créations inédites en avant-première nationale et internationale, tels que les projets édités pour le groupe AFG, les marques Serralunga, Nodus, Ecart International, Brisach ou encore Moor, dévoilés en exclusivité. L’exposition présente également  la création d’Hicham Lahlou pour Fiat, la «Fiat 500 Fig», qui reprend la signature d’Hicham Lahlou, la feuille de figuier, « Fig », motif d’inspiration hispano-mauresque qu’il avait déjà décliné auparavant. L’artiste nous confie : «Je puisse dans mes traditions et dans mon histoire pour créer de la modernité  et donne de la lisibilité à mon héritage à l’international». Hicham Lahlou a la volonté constante de « créer des choses qui détonnent». On admire les tables cendriers et tabourets Derbuka, signé par Hicham Lahlou pour la marque Serralunga. Une création aux multiples fonctionnalités qui fait raisonner en nous une musique allégorique. On remarquera aussi L’Oryx pop, une statue design ornementale, hommage de l’artiste à ces antilopes mythiques de la péninsule arabique.

Hicham Lahlou a un lien particulier avec la CDG, car son père a passé 28 ans de sa vie à travailler pour l’institution. De plus, c’est une avant-première mondiale, l’exposition étant destinée à l’itinérance. Hicham Lahlou a présenté en primeur l’une de ses dernières créations, un design produit pour la marque d’eau minérale Aïn Soltane, la bouteille «Nature». Pour Hicham Lahlou, cette bouteille «n’est pas qu’une bouteille, c’est une révolution des mentalités, des mœurs et des prises de décisions dans le management. C’est la prise de conscience que le design dans l’industrie peut révolutionner l’économie marocaine».

« Nul n’est prophète dans son pays »

L’artiste confie qu’il est à un tournant de sa vie, et qu’à quarante ans, «il y a des choses derrière et il faut capitaliser sur ce qu’il y a de meilleur, les acquis, préparer l’après […] On est également conscient de ce qu’il y a de positif dans notre pays et des très nombreux côtés négatifs qu’il y a».

Je demande à l’artiste quelle était la (re)connaissance de la discipline du design au Maroc à ses débuts, et comment il en est devenu le précurseur. Selon Hicham Lahlou : « Les gens ont écrit que j’étais précurseur du design marocain, car ils ont senti qu’il se passait quelques chose de nouveau». Il s’arrête, marque une pause et me souffle : « Vous pouvez écrire ce que je m’apprête à dire car je suis à un tournant de ma vie, une période particulièrement importante. Les gens ne valorisent pas et ne portent pas beaucoup d’intérêt ;  à mon sens, ils devraient le faire beaucoup plus pour comprendre ce que j’ai véritablement apporté, pourquoi aujourd’hui cela a ouvert la voie à d’autres designers, pourquoi aujourd’hui on parle de design dans différents ministères et institutions publiques. Tout cela, c’est parce que j’ai pris le «taureau par les cornes» et que j’ai essayé de convaincre tant bien mal pendant toutes ses années les décideurs. Ce n’est pas évident d’expliquer que le design est important dans  l’industrie, dans l’agro-industrie, dans le design urbain … Et précurseur pourquoi, parce que j’ai enclenché quelque chose qui n’existait pas. Par exemple, les abribus dans la ville ne représentent pas une finalité, mais tous les moyens qu’il y a eu derrière pour le faire, dans la créativité mais surtout dans le système managérial et  dans l’impact historique que cela apporte». On demande s’il a l’impression qu’il existe un problème de reconnaissance et de connaissance à l’échelle du Maroc. Pour Hicham Lahlou, «la reconnaissance existe car les plus grande institutions m’invitent, et édite un livre sur mon travail. Mais la reconnaissance et surtout la connaissance ne sont pas complètes. Et à quarante ans, je ne vais pas attendre cinquante ans pour qu’elle arrive. Je n’ai jamais rien attendu de personne, et ça, j’aimerai bien le dire, ce n’est pas grâce à mon nom de famille que j’existe ! Ce n’est pas parce que je viens d’une grande famille que l’on m’a ouvert les portes à l’international ou au national. Ce qui compte, c’est le talent, la démarche, le travail, votre vision. Mais en fait, on est dans un pays où, on me l’a dit plusieurs fois, j’étais trop en avance sur mon temps. Je suis combatif, je ne lâche pas l’affaire…».

 

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Pour lui, malgré les nombreux encouragements, et la fierté qu’il peut représenter pour beaucoup, «  pour certains qui sont preneurs de décisions managériales, que ce soit dans les grands groupes privés ou étatiques, entre la parole et l’acte, il n’y a rien». Il rappelle la fameuse expression « Nul n’est prophète dans son pays […] Si je n’avais pas eu une reconnaissance internationale, ça serait dix fois plus dur et plus complexe». La preuve de l’impact de son travail lui arrive de témoignages, tel que celui de Karim, jeune designer de son agence, qui a confié, à son arrivée, que lorsqu’il était étudiant, son professeur d’anthologie du design a cité Hicham Lahlou comme l’un des plus grands designers, qui avait profondément marqué l’histoire du design de ce siècle. Hicham Lahlou a été touché par cette confession, car il dit ne pas réussir à voir l’impact de ce qu’il a fait, ou seulement parfois, lorsqu’on l’invite à des manifestations. «Je ne suis ni l’IPSOS, ni un organisme de mesure pour savoir à quel point j’ai impacté l’histoire». Pour lui, «l’innovation ne réside pas uniquement dans les consommateurs finaux mais dans la capacité à aider, à inventer, un mode de pensée et aussi prendre des décisions managériales qui vont tout changer».

Rappelons que fin 2012, Afrique Méditerranée Business magazine a classé Hicham Lahlou parmi les vingt leaders globaux du continent africain, puis à nouveau en août 2013, parmi les 15 innovateurs du continent africain. Hicham Lahlou n’en est pas à sa première distinction, mais pour lui, «cela passe inaperçu au Maroc. Ailleurs, on s’intéresse à la méritocratie, aux gens qui se sont bâti une autorité, à la force du poignet. Mais c’est dommage,  nous n’avons pas ça au Maroc, et la reconnaissance vient toujours de l’étranger».

 

« Un artiste n’a pas besoin d’être aidé, c’est son travail qui l’aide »

Mais lorsqu’on lui demande quelle est la reconnaissance de l’utilité du design au Maroc, il affirme qu’elle est quand même de plus en plus présente. Il me livre d’ailleurs avec plaisir une anecdote chère à son cœur : Tajeddine Baddou, ancien ambassadeur du Maroc, commissaire général en compagnie de Fréderic Mitterrand de l’année du Maroc en France en 1999, qui lui à «ouvert la porte », lui à fait part de son émotion lors du vernissage de l’exposition. En parcourant le livre de l’exposition, on découvre les multitudes de témoignages élogieux de personnalités telles qu’Alaya Sebti, directrice artistique de la Biennale de Marrakech, ou encore Alexandra Lambert, Directrice du Centre Bruxellois Mode et Design. Hicham Lahlou confère une grande valeur à ces marques de reconnaissance, tout comme à celles qu’il reçoit souvent de la part de ses concitoyens.

Pour lui, il n’existe aucun objet design grand public au Maroc, mais « la révolution est en marche » grâce à des projets tels que la bouteille Aïn Soltane. Hicham Lahlou explique qu’un artiste «n’a pas besoin d’être aidé, c’est son travail qui l’aide, mais il a besoin d’être propulsé, accompagné dans son développement». Pour lui, «nos talents doivent se faire exporter, on ne vend pas assez nos fiertés». Hicham Lahlou souhaite qu’il y ait une meilleure synergie entre les décideurs et les artistes, car pour lui, c’est ce qui crée la puissance, et l’émancipation artistique des artistes. Le problème de l’accès et de la reconnaissance du design au Maroc  n’est-il pas celui de l’ensemble de la production culturelle ? Pour Hicham Lahlou, « on ne considère pas encore l’art comme un besoin dans notre société». Pourtant, pour l’artiste, «un pays sans artistes n’existe pas. L’art est nécessaire même à l’économie d’un pays». L’art est, pour l’artiste, un moyen d’élever un pays.

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La croisade d’Hicham Lahlou pour la reconnaissance du design au Maroc est une bataille constante. L’artiste est bien conscient du chemin déjà parcouru et n’est pas oublieux des très nombreuses personnes qui ont cru en lui dès ses débuts et ont reconnu son talent. Un artiste ancré dans le présent, fier de ses multiples projets et des marques qui font confiance à son talent. Il nous a expliqué avec franchise son combat constant pour faire connaître et reconnaître le design au Maroc, et nous renvoie au texte de Mahi Binebine pour l’exposition Play Design : « le design n’est pas un art mineur». Pour Hicham Lahlou, le design «n’est pas une finalité mais un moyen, qui permet l’innovation, la science, la technicité et touche à l’image d’un pays». Le design a définitivement une place et un rôle à jouer dans l’avenir du Maroc.

Hicham Lahlou nous dit être à un âge où « je transmets, j’aime partager avec des jeunes, mais où je n’ai plus à me justifier ou convaincre. Car je trouve que mon parcours est convaincant. Pour moi, il n’est pas normal qu’il n’y ait pas assez de réactivité». Et la solution est, bien entendu, dans cette transmission, qui passe par une reconnaissance et une conscience étatique et citoyenne décuplée de la valeur de la culture et de ses diverses disciplines. Et peut-être, espérons-le, d’une place plus importante à l’éducation artistique de notre jeunesse, qui constituera le public de la culture du Maroc de demain.

Constance Durantou-Reilhac

 


Le pouvoir par la culture

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Les NTIC ont complètement changé notre mode de vie. Que ce soit sur le plan professionnel, personnel, des loisirs… on travaille différemment, on consomme différemment. Tous les secteurs sont impactés par ces changements. Les industries culturelles n’y échappent pas. Le tourbillon des nouvelles technologies peut parfois avantager une partie au détriment de l’autre. Créateurs, producteurs, distributeurs, consommateurs, pouvoirs publics… qui détient le pouvoir ?  Pour répondre à cette question, le cabinet de Conseil Kurt Salmon a mené une étude qui retrace l’évolution des industries culturelles et créatives (ICC), à l’ère du numérique.  Les résultats de cette étude ont été présentés à l’occasion du Forum d’Avignon 2013.

Le cabinet revient sur le statut de chacun des maillons de la chaîne de création et l’évolution des pouvoirs et des équilibres entre ces différents acteurs. Rééquilibrer les pouvoirs et tirer parti des bénéfices induits par le numérique s’avère crucial, pour que cette industrie reste un pourvoyeur de richesse et de croissance.

En presque 20 ans, le numérique a bouleversé la façon de consommer et distribuer le contenu culturel. D’où une nouvelle configuration des rapports entre les acteurs de la chaîne de cette industrie.

Les ICC regroupant des activités très variées,  le cabinet  s’est focalisé sur les industries du Livre, de la Musique, du Cinéma et des Jeux Vidéo. Une trentaine d’entretiens au niveau international  a été effectuée auprès de dirigeants publics et privés, d’artistes et de créateurs. Il en ressort que «les nouveaux acteurs du numérique ont pris aujourd’hui une place prépondérante dans le secteur des ICC, obligeant tous les autres acteurs à réviser leur mode de fonctionnement en profondeur».

Globalement, l’étude révèle que nonobstant la multitude des outils, les créateurs ont du mal à émerger et vivre de leur art hors des circuits traditionnels.  «Aucun artiste du Top 20 mondial (Musique et Livre) n’est par exemple autoproduit». De même, si 45% des consommateurs se déclarent prêts à financer ou cofinancer un artiste ou une œuvre, on estime que le crowdfunding ne dépassera pas 10% des investissements en 2017. Cela dénote d’une illusion du pouvoir aussi bien chez les consommateurs que les artistes.

Le support physique marche encore bien

En revanche, certains ont vu leur part de revenus augmenter, grâce à la disparition des intermédiaires sur les produits digitaux. Ainsi, pour le livre, leur part est passée en moyenne de 30% du prix HT pour un livre physique à 48% pour un livre numérique, quand la part des producteurs de DVD passait de 17% sur les supports physiques à 48% sur les supports numériques. Les distributeurs, quant à eux, ont vu apparaître de nouveaux acteurs en position dominante sur leur marché digital respectif. «Si, à date, le numérique est vécu comme une opportunité par la plupart des acteurs, les risques d’abus de position dominante à moyen et long terme ne doivent pas être négligés.»

Pour autant,  plus de 60% de consommateurs déclarent continuer à privilégier le support physique dans 5 ans.

Autre point intéressant révélé par cette étude, l’industrie culturelle n’est pas en crise.  Les industries du Livre, de la Musique, des Jeux Vidéo et du Cinéma renouent globalement avec la croissance en 2012. On constate même tendance de croissance annuelle moyenne de 5%. Au niveau mondial, le Livre, la Musique, le Cinéma et les Jeux Vidéo représentent à eux seuls 410 milliards de dollars.

En conclusion, les résultats de cette étude laisse entendre qu’au-delà de leur puissance économique, industrielle ou militaire, le pouvoir des Etats au XXIe siècle passe aussi par «leur capacité à attirer, séduire, voire à imposer leur modèle culturel au reste du monde.» Le modèle du Qatar et de la Chine, qui ont opté pour  une stratégie de puissance à travers la culture, sont intéressants. La prise de pouvoir culturel de ces deux Etats gravite autour de trois axes : événements sportifs mondiaux, développement de médias internationaux et investissements culturels. C’est ce que l’on appelle le Soft power.

Au Maroc, quelques tentatives pour améliorer le potentiel de l’industrie culturelle et créatives ont été menées la culture des festivals commencent à porter quelques fruits sans pour autant arriver à une véritable révolution de ces industries.

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Reprise de croissance

Au niveau mondial, le Livre, la Musique, le Cinéma et les Jeux Vidéo représentent à eux seuls 410 milliards de dollars. Les Industries Culturelles et Créatives représentent en 2008 dans le monde, selon les sources, entre 1 700 milliards de dollars (Unesco) et 2 700 milliards de dollars (ERSA) – soit 3,8 % à 6,1 % du PIB mondial – et près de 40 millions d’emplois. Les échanges de contenus quant à eux s’élèvent à 424milliards de dollars et participent à 3,4 % du commerce mondial total. La croissance annuelle du commerce international des produits culturels et créatifs atteint 8,7 %, soit un taux bien plus élevé que la croissance mondiale, 3 % selon l’OCDE.

La Maroc Expo débute aux Pays-Bas

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La première édition de Maroc Expo, une manifestation artistique, culturelle et commerciale, s’est ouverte samedi à la foire Home Boxx à Utrecht (Pays-Bas) avec l’ambition de présenter au grand public l’art de vivre marocain sous ses différents aspects.

Cette manifestation de deux jours rassemble un grand nombre d’exposants dans les différents secteurs avec un seul objectif, mettre en valeur les merveilleuses facettes du Maroc d’aujourd’hui peu connues des Néerlandais et partant contribuer à l’amélioration de l’image du Royaume.

Une quinzaine de stands, donnant à voir des produits artisanaux, touristiques et immobiliers mais aussi la gastronomie marocaine meublent les quelque 13.000 m2 réservés au salon, qui s’attend à une grande affluence du public dimanche.

Promouvoir la culture riche du Maroc, à travers ses arts, sa gastronomie tant convoitée et son artisanat chargé d’histoire, dans un cadre festif et convivial, tel est l’objectif affiché par les organisateurs de cette manifestation qui veulent l’inscrire dans la continuité et l’ériger en rendez-vous incontournable des Marocains de la Hollande.

Outre des défilés de mode avec la participation des stylistes marocains résidant aux Pays-Bas, des soirées artistiques animées par de chanteurs marocains sont également prévues par les organisateurs.

D’après le comité d’organisation, on s’attend lors de cette première édition à 20.000 visiteurs pendant les deux jours du salon.

Moment très attendu des expositions marocaines aux Pays-Bas, le salon de la mariée verra dimanche la participation d’un parterre de couturiers et de stylistes, entre autres, qui présenteront leurs derniers modèles.

Maroc Expo est organisé par des associations et fondations des Marocains des Pays-Bas dont “Maroc Store”, “Argan” et “Marmoucha” avec le soutien du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) et l’ambassade du Maroc aux Pays-Bas

Carole Schoettel, Obsession Casablanca

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Une nouvelle atmosphère s’est enracinée à la galerie Yakin et Boaz de Casablanca depuis le 11 décembre, et ce jusqu’au 4 janvier 2014. L’exposition événement « Casa-Pandor » marque l’année d’existence d’une jeune galerie qui s’est imposée dans le paysage culturelle marocain avec force et talent. Ali Kettani, fondateur de la galerie, présente en primeur la dernière série d’œuvres de l’artiste Carole Schoettel. Introduisez-vous par la grande porte, nagez un moment et immergez-vous dans l’univers de Schoettel, notre Pandore contemporaine.

Casablanca, la ville où je vis, où tu vis, la ville où nous vivons. La ville où l’artiste Carole Schoettel vit et travaille. La ville, ma ville, ta ville, notre ville. Sujette à des interprétations et des visions multiples, croisées et bigarrées. Casablanca où chacun crée et imagine son univers, son atmosphère de vie, de rêves et de pensées. Carole Schoettel, elle, retranscrit avec ses pinceaux et sa peinture à l’huile son Casablanca, celui qu’elle voit, qu’elle vit, qu’elle respire. Sa réalité. Elle nous ouvre la porte d’un Casablanca que nous ne connaissions pas, l’autre Casablanca, son Casa-Pandore.

 

Carole Schoettel emploie la technique de la peinture à l’huile depuis l’âge de 15 ans. Son affection pour la peinture l’a poussée à rentrer dans une école d’arts appliqués à Paris, puis à l’école des Beaux-Arts de Casablanca. Elle a été l’élève de l’artiste constantin Nepo, et a travaillé à ses côtés sur des ouvrages à Tanger pour l’hôtel Mövenpick, ou encore à Marrakech et Casablanca. La quête initiatique de Carole Schoettel  se poursuivra en Europe, dans le pays de Cervantes, l’Espagne, où elle rénova des cathédrales, puis en Serbie, à Belgrade, où elle étudia l’esthétique de l’art des Balkans. Elle posa ensuite ses valises d’artiste à Dakar pour produire un travail qui fut exposé à la Galerie Africaine de Dakar en 2008. Carole Schoettel est une artiste rare, ayant encore peu exposé son travail. Elle est rentrée au Maroc en 2011, et travaille depuis sur la série de toiles rassemblée et exposée à la galerie Yakin et Boaz aujourd’hui.

 

Obsession Casablanca

En rentrant dans la galerie, les œuvres happent notre regard, nous absorbent tout entier. Suspendus aux cimaises, des œuvres de très grands formats attirent l’œil. Une déferlante de toile du firmament azur. Carole Schoettel représente l’atmosphère terrestre de Casablanca, l’air, l’impalpable, l’immatériel, le fugace. Elle le cristallise, l’adopte sur la toile comme on capture l’image sur la pellicule photographique. Une série de ciel casaouis. On imagine Carole Schoettel traverser en voiture Casablanca sur le siège passager, la tête couchée sur le côté pour observer et humer avec délectation le ciel. On sent que l’artiste s’enorgueillit de ce ciel marocain, indéniablement remarquable, que l’on perd souvent de vue. Elle capture l’incapturable avec obsession. Elle répète, elle s’obstine, elle persiste. Tel un Van Gogh capturant son image à différents instants de sa vie, Carole Schoettel capture avec frénésie le ciel casaoui dans tous ses états. Elle ne veut plus en partir, et cette obstination artistique vorace fascine. L’aplat et le dessin sont fins, sensuels, légers, troublants, comme si Carole Schoettel prenait le pinceau pour redessiner avec exactitude et précision le monde. Un monde qu’elle nous donnerait à voir. Elle peut-être considérée comme une peintre de l’hyperréalisme, mouvement né aux Etats-Unis dans les années 60, aussi appelé « photorealism » ou « superealism » s’appuyant sur la photographie pour scruter et analyser le réel, jusqu’à le copier. Ses ambassadeurs ne sont personne d’autre que l’immense Chuck Close, portraitiste de génie, qui délivre des représentations en gros plan du commun des mortels aux icones contemporaine que sont Kate Moss ou le Dalaï-Lama, ou encore le grand Duane Hanson, qui nous transporte au côté du peuple américain, en réalisant des sculptures choc grandeur nature, portrait sociologique et critique d’une Amérique contrastée. Carole Schoettel, la « portraitiste à l’huile de Casablanca », capte la ville blanche à différents instants de la journée. La beauté des œuvres hypnotise le regard. Mais nous n’en oublions pas pour autant nos problèmes de pollution atmosphérique, la quantité de véhicule circulant, l’épouvantable qualité du carburant qui coule dans les veines de nos voitures, nos usines polluantes et  nauséabondes qui nous encerclent, la mort agonique de notre écosystème, et l’influence déplorable de toute cette pollution sur notre santé, provoquant les maladies les plus graves. Regarder le ciel, c’est aussi se demander combien de temps notre haute et basse atmosphère tiendra, et nous protègera, et ce questionnement pousse à des réflexions, et une conscience décuplée des effets de la pollution sur notre santé, elle que nous causons tous, respectivement, à chaque seconde de notre vie. Qu’on se le dise une fois pour toute, Casablanca est la ville la plus polluante et polluée du Maroc, dépassant tous les standards nationaux et internationaux. Industries et attelages en tout genre en sont la cause directe, et elle ne cesse pourtant de s’accroitre. Carole-Pandore ne nous dévoile que la boite de Pandore, en surface. Avertissement, mise en garde ? Résisterons-nous ou nous soumettrons-nous à notre décadence ? La boite de Pandore, Shoettell ne l’a encore qu’entrebâillée, et celle-ci ne s’est pas encore complètement ouverte, bien que ses maux commencent à s’éventer mielleusement sur notre planète.

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Son travail acharné sur le ciel et leurs lumières nous évoque un brillant amoureux du ciel, un grand peintre anglais du XIXème siècle, Joseph Mallord William Turner (1775-1851), peintre romantique ayant pour genre de prédilection le paysage. Il captura la lumière, le ciel, l’air, et les éléments de la nature avec émotions et sensibilité, de manière quasi surnaturelle. Carole Schoettel réinvente le genre du paysage. Plusieurs siècles plus tard, la place est faite à la Contemporaine Schoettel.

Selon le « sacré » Dictionnaire Larousse, le romantisme « (…) fait prévaloir le sentiment sur la raison et l’imagination sur l’analyse critique.(…) Son héritage s’articule à travers les thèmes qu’il privilégie (la nature, le moi, le rêve, l’étrange, le laid, l’infini, le passé national, la modernité…) et les formes qu’il impose (le roman gothique, le drame, l’épopée, le roman, le lied, l’opéra, le ballet).(…) ». Carole Schoettel hérite des thématiques, et se livre à l’épopée casaoui contemporaine.

 

Pandore-Shoettel

Casa-Pandor. « Ouvrir La boite de Pandore. ». Pandore, séductrice, belle, affable et intelligente, tout droit sortie d’un mythe gréco-latin, créée par Zeus pour punir Prométhée, le voleur du feu des dieux, qui le donna en offrande aux hommes. Pandore la curieuse, l’obstinée, ouvrit la jarre qui lui avait été confiée par Zeus, et qui renfermait les maux de l’humanité. En l’ouvrant, elle enleva à l’humanité sa faculté d’endurer ses malheurs, et la soumis à l’abomination. « Casa-Pandor ». Le titre de l’exposition laisse pensif. Carole Schoettel est-elle notre Pandore contemporaine ? Tout le laisserait à croire. Son autoportrait ne trompe pas, placé dans une alcôve discrète de la galerie. Carole Schoettel est une femme de grande beauté, et son don pour la peinture semble quasiment divin, perturbateur. Elle se place parmi ses portraits de femme, cherchant peut-être, discrète, à se fondre dans la masse, et c’est peine perdue. Son regard peint par ses gestes fascine. La curiosité furieuse de Pandore-Shoettel la pousse probablement à nous faire découvrir l’enveloppe de la boite d’images de notre époque, de notre ville. Sans sentir de menace ni se sentir chétif, au début, tant Carole Schoettel laisse échapper un regard doux, feutré et brut sur notre ville, qui nous propulse dans une atmosphère bullaire, cotonneuse. On se rend compte que les fameux « maux » sont suggérés. Ses peintures seraient-elle censées nous délivrer ? Nous faire découvrir, prendre le temps de regarder ?

Pandore-Schoettel  laisse aussi entrevoir les bons et beaux côtés de Casablanca. Ces beautés se transforment à nos yeux en mélancolie, en douce nostalgie. Carole Schoettel arrête le temps casaoui. On reconnaît à peine notre ville au début. Puis on l’adopte, sous le regard doux et âpre de l’artiste. Duel de sentiments et de ressenti casaoui coutumier. Ici, on ressent une vague d’émotions tendres pour notre ville. On a envie de l’aimer. De la re-regarder. Comme un conjoint que l’on aurait l’habitude de voir, et qui tout d’un coup ramènerait notre regard à lui. Revoir, parce que l’on n’a jamais vraiment vu. Revoir avec habitude, certes, mais avec tendresse, malgré les tourments que nous inflige la ville. La revoir. Regarder son ciel, si beau. Se rappeler qu’elle fait partie d’un ensemble, qu’elle appartient à ce monde tout entier, qu’elle n’est pas qu’une immense tâche noire et fumeuse, ni uniquement des immeubles et de la poussière, et qu’elle a un ciel au-dessus de nous, un toit qui nous abrite tous.

 

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Portraits de femmes  

Carole Schoettel ne se distingue pas seulement par les portraits de sa ville. Elle présente à la galerie Yakin et Boaz plusieurs portraits de terriens. Ou de terriennes dirai-je. La gente féminine, portraits de femmes de notre temps, aux toilettes intemporelles. « Corset rouge » présente une femme de profil, les yeux clos, semblant être submergée par la musique qui se dégage du casque enveloppant ses oreilles dissimulées. Son corset rouge rubis enserre et marque sa taille, tandis que l’une de ses bretelles se détache doucement de son épaule. La femme représentée semble être apaisée et libérée par le cocon protecteur  créé par le son diffusé, et pourtant enserrée dans une tenue contraignante, qui l’attache et l’enserre. Paradoxes de la modernité face à la tradition ? La question reste en suspend. « Lacrymogène », œuvre-histoire, reprend le cliché devenue célèbre du photographe Osman Orsal, le 28 mai 2013 place Taksim, à Istanbul. Une jeune femme, en tenue légère, est éclaboussée par le jet violent d’un canon lacrymogène. Cette révolte protestataire contre les dérives autoritaires du pouvoir en place, devenue mouvement national, a secoué le peuple, et le pays tout entier. Carole Schoettel esthétise la scène, la personnalise, s’en accapare. Elle l’écrème pour ne retenir que la femme, au mouvement de tête flou, passager et crispé. Le fond dans lesquels elle incruste son personnage n’est pas figuratif. Elle laisse la femme, dans le mouvement, dans une ambiance nuageuse. On reconnaît néanmoins dans le choix du coloris de fond, le gaz lacrymogène de la scène du 28 mai. Carole Schoettel suggère finement la brutalité de la scène. Les portraits évoquent dans leur traitement, les portraits féminins de Felix Valloton (1865-1925), bruts et suaves. Artiste proche du groupe nabis, néanmoins inclassable, Felix Vallotton eut un attrait particulier pour la figure féminine, traçant des traits lisse, d’apparence détachée.

 

Casablanca, ville d’interprétations, de regards croisés, d’inspiration. Carole Schoettel nous emmène au creux d’une vague azur, au déferlement ocre des cieux, à l’obscurité moite de la ville blanche, à sa peau laiteuse et son halo irréel. L’œuvre  « I love you », soleil aveuglant, hypnotique, nous absorbe et nous inspire un sentiment du sublime. Casablanca l’inspiratrice. Casablanca l’amoureuse et la haineuse.

« Casa-Pandore » est une exposition plaisir, pour s’élancer avec énergie, ardeur et détermination dans cette nouvelle cuvée 2014 ! La force de l’exposition est sans nul doute dans les histoires qu’elle entraîne dans nos imaginaires, qui poussent à la citation, à la réflexion, et qui donnent à chacun, selon ses références ou sensibilités, la possibilité d’être touché. « Casa-Pandore » nous plonge dans une ambiance sobre, élégante, feutrée, pudique et à la fois cosy et fauve. Mélange osé et manichéen, qui se marie pourtant si bien. Carole fait taire Casablanca et la fait parler à la fois. Installe le silence ou l’agitation. Subtilement. Les toiles expriment de la lenteur, du silence inhabituel, on est à la fois rassuré et angoissé. «Dualisme Casablanca », un concept à déposer de toute urgence !

 Constance Durantou-Reilhac

 

Exposition « Ânes Situ » à la Fondation Aberrahman Slaoui de Casablanca

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Expo

 

Le musée de la fondation Abderrahman Slaoui de Casablanca dévoile le nouveau travail photographique de l’artiste Hicham Benohoud, « Ânes Situ », jusqu’au 11 janvier 2014. C’est l’occasion immanquable pour vous de découvrir ou redécouvrir un  somptueux artiste et d’explorer in situ son nouveau travail. Au détour d’une de vos visites au musée, vous aurez peut-être la surprise de découvrir l’artiste Hicham Benohoud, entouré d’une ribambelle d’enfants. Ne soyez pas surpris, la fondation Abderrahman Slaoui, a, depuis son ouverture, mis en place des ateliers pédagogiques à destination des scolaires. Nous avons décidé de suivre l’artiste en intervention auprès d’une classe.

Hicham Benohoud est un plasticien-photographe. Il est Marrakchi d’origine, et vit et travaille aujourd’hui à Casablanca. Il a enseigné les arts plastiques durant 13 ans, puis a décidé de quitter l’enseignement en 2003 pour se consacrer à sa carrière d’artiste. À partir de 2003, il a suivi une formation à l’École Supérieure des Arts Décoratif de Strasbourg, puis a enseigné en 2005  la photographie au Studio National des Arts Contemporains à Tourcoing, Le Fresnoy. On notera sa participation en 2005 à Africa Remix, exposition itinérante internationale réunissant 200 œuvres de 87 artistes africains contemporains, ayant entre autre fait escale au Musée KunstPalast à Düsseldorf, ou au Centre Georges Pompidou à Paris. On remarquera aussi ses participations à des foires et biennales internationales telles que Paris Photo, la Foire Art Bruxelles, les Rencontres photographiques d’Arles ou la Biennale de Dakar. Ses œuvres sont présentes dans les collections de la Fondation Antoine de Galbert à Paris, à la Maison Rouge ou encore au Muhka (Musée d’Art contemporain d’Anvers).

Hihcam Benohoud est un artiste plasticien, qui témoigne de ses installations et performances par la photographie. La photographie n’est que le résultat final d’un long processus créatif. « Ânes Situ » est la dernière série photographique de l’artiste, réalisée entre 2012 et 2013. C’est une production de Cultures Interfaces, qui rappelons-le est « une structure de production et de diffusion de la création contemporaine du Maghreb. » Cultures Interfaces se définit comme une galerie itinérante entre Afrique, Europe et Amérique. La fondatrice de Cultures Interfaces, Nawal Slaoui est l’une des actrices majeures de l’art contemporain marocain.

Pour Hicham Benohoud : ” Ânes situ reflète, de mon point de vue, les différentes contradictions inhérentes à la société marocaine contemporaine”. L’exposition présente une vingtaine de photographies et la projection d’un making of, qui retrace le processus créatif de l’artiste. Les photographies sont des mises en scène d’ânes dans des intérieurs casaouis. L’artiste a créé pour chaque mise en scène une installation singulière. L’âne évolue donc dans des espaces et des installations différents.

Hicham Benohoud présente un animal qui à travers l’histoire a souvent eu une image désavantageuse, sujette à de nombreuses expressions et représentations péjoratives. Hmar ! est aujourd’hui l’une des insultes les courantes au Maroc. L’âne, est tantôt symbole d’ignorance et sujet à de nombreuses railleries et caricatures, tantôt symbole de sagesse, de douceur, de courage et de dévouement. L’âne symbole de paradoxes, de dualités. Comme nous, comme notre société.

En déambulant dans l’exposition, je me rends compte qu’à travers la figure de l’âne, nous sommes spectateur de nous-même. L’âne est ici la métaphore de notre propre condition au sein de la société. L’âne nous représente dans nos tiraillements, nos questionnements, nos doutes, nos enfermements et la question de nos places dans la société. Hicham Benohoud nous incite, nous convie, nous offre l’opportunité de nous remettre en question. Et même si chacun d’entre nous peut être parfois peu enclin à la remise en question, celle-ci nous sera profondément bénéfique. Hicham Benohoud traite de la société marocaine, mais il touche à l’universalité de nos rapports et comportements sociaux, autant qu’à la question de notre identité collective, et son travail peut trouver un  écho en nous au-delà de nos origines et de nos croyances.

Les ateliers pédagogiques de l’exposition sont organisés par le musée de la Fondation Slaoui avec le soutien de l’Institut français de Casablanca. Ils sont animés par Hicham Benohoud durant toute la durée de l’exposition. Les ateliers « ont pour but de solliciter une réflexion critique sur notre perception et notre rapport au monde. Elles s’accompagnent d’une visite explicative de l’exposition et sont suivies par une définition de la démarche en projetant différentes séries photographiques. »

 

Lors de l’atelier, l’artiste rappelle aux enfants qu’une œuvre n’a pas un seul sens, que c’est au public de trouver les contradictions qu’il présente dans ses photographies. L’artiste précise aussi que c’est son avis, son regard, et que chacun créer le sien. Hicham Benohoud laisse la lecture ouverte. Les questions fusent et sont pertinentes. Ce qui nous permet à tous d’apprendre beaucoup de choses sur le processus créatif de l’artiste. Hicham Benohoud a choisi les ânes, car il habitait dans un quartier où il y avait une écurie qui abritait beaucoup d’ânes. L’artiste dit qu’il y avait «  autant d’ânes que de voiture ». Il confie que son environnement immédiat l’inspire toujours dans son travail. Pour lui, il y a beaucoup de mauvaises réactions concernant cet animal. Il souligne le fait qu’ils vivent comme des animaux sauvages alors qu’ils sont dans un environnement urbain. Les enfants se demandent comment l’artiste a cohabité avec les ânes pour les installations. Hicham Benohoud parle de ses visites en amont des maisons, des mesures prises des ânes pour créer les structures, de son respect immense des espaces qui lui ont été prêtés et qu’il a veillé à laisser tels quels pour ses installations, du travail avec un forgeron pour la réalisation des structures… Hicham Benohoud est un vrai pédagogue. Il offre aux enfants un véritable éveil à l’art et les ouvre à une  réflexion sur notre monde. Chacun d’entre eux lui offre une écoute lumineuse, que l’artiste mérite grandement. Transmettre, partager, sensibiliser, initier sont les maître mots des ateliers pédagogiques de la fondation Slaoui, ouverte à tous les établissements marocains. Le musée a d’ailleurs reçu dix milles enfants depuis 2012 et a nombreux projet pédagogiques en cours de développement. Affaire à suivre.

 

Constance Durantou-Reilhac

 

Le Maroc aux mille couleurs, un évènement de l’IMA

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IMA

L’événement de l’Institut du Monde Arabe (IMA) “Le Maroc aux mille couleurs” sera placé sous le signe de la diversité et du pluralisme du Royaume du Maroc, a indiqué, jeudi, le Président de l’Institut, M. Jack Lang.

Cet événement, qui consacrera le Maroc contemporain sous toutes ses formes, le Maroc d’aujourd’hui et l’effervescence de la créativité marocaine, devra véhiculer un message d’ouverture et de tolérance, a souligné M. Lang dans une déclaration à la presse à l’issue de l’audience que lui a accordée SM le Roi Mohammed VI, jeudi au Palais Royal de Marrakech.

Prévue vers la fin du mois de septembre, cette manifestation, qui durera trois mois, coïncidera avec un autre événement important dédié au Maroc médiéval qui se déroulera au Musée du Louvre, a précisé le président de l’IMA, notant que événement de l’Institut sera ainsi placé sous le signe du préambule de la constitution marocaine.

“Ce préambule est un hymne à la diversité, c’est un cas unique au Monde qu’une constitution puisse revendiquer pleinement la diversité des héritages historiques”, a-t-il dit.

Et d’ajouter que l’événement de l’IMA, qui célèbrera en France le modèle marocain tel que Sa Majesté le Roi L’incarne et L’exprime aujourd’hui, sera tourné vers la société française et vers d’autres pays du Monde.

L’Institut du Monde arabe est un haut lieu de culture, fruit d’un partenariat entre la France et vingt-deux pays arabes dont le Maroc. Conçu pour faire connaître et rayonner la culture arabe, il est devenu aujourd’hui un véritable pont culturel entre la France et le monde arabe.

LNT/MAP

L’artiste Melihi expose ses œuvres à Marrakech sous le thème “de Tanger à Tanger”

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L’artiste peintre Mohamed Melihi expose, à partir de mercredi prochain à la galerie de l’Institut français à Marrakech, une sélection de ses œuvres présentée sous le thème “de Tanger à Tanger”.

Originaire d’Asilah, Melihi fait partie des premiers artistes marocains ayant travaillé sur leur identité en lien avec les problématiques de l’art contemporain international. Entre Afrique et Europe, il ne cesse d’interroger les origines à travers les symboles qu’il a créés à partir des archétypes culturels, tout en les dynamisant, les renouvelant par la couleur et l’organisation de l’espace.

Ainsi la vague que l’on retrouve dans l’ensemble de son œuvre, si elle fait référence à l’environnement maritime dans lequel le peintre a grandi, mer et ciel étoilé, agit aussi comme une vibration colorée qui perturbe, modifie l’espace sur lequel elle se déplace. Les expériences les plus diverses jalonnent son parcours artistiques très riche, dont les travaux d’intégration à l’architecture, action painting et collages.

Maître de la couleur, Mohamed Melihi crée des paysages poétiques grâce à une architecture des formes colorées, toujours allusives où l’abstraction n’évacue pas la référence forte à la nature. Jouant sur les nuances d’une palette où le bleu règne sans s’imposer, il crée, de toile en toile, à travers une répétition des motifs, un rythme accordé aux mouvements même de la lumière se modifiant entre le jour et la nuit.

L’œuvre de Mohamed Melihi, qui a collaboré à la réalisation de nombreux livres d’art et de civilisation marocaine, sera montrée à la galerie de l’Institut français jusqu’au 15 février

LNT
MAP

Lamiae Khamlichi, une artiste peintre qui défie l’handicap et gagne l’admiration

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L’handicap moteur dont souffre l’artiste peintre Lamiae Khamlichi n’a nullement entamé sa détermination à poursuivre son chemin dans le monde de l’art plastique, dans lequel elle s’est distinguée et gagné l’admiration pour ses œuvres pleines de sensibilité.

Mais malgré les critiques favorables, cette tétouanaise de 31 ans ne se considère pas comme une plasticienne dans le sens le plus académique du terme, mais plutôt une passionnées des pinceaux et des couleurs qu’elle utilise pour exprimer ses sentiments et sa vision du monde et de la société.

Lamiae ne cache pas pour autant son envie d’être reconnue et voir ses œuvres appréciés par tous, afin de montrer la capacité des personnes à besoins spéciaux de créer et de s’illustrer par leur talent à l’instar de toutes les personnes normales animées de la même passion.

L’intérêt que porte cette artiste à l’art pictural ne date pas d’hier. Dès l’âge de 12 ans, elle commence son aventure de découverte artistique, encouragée et soutenue par sa famille et par les cadres de l’association Hanane, poursuivant depuis le rêve de trouver la place qu’elle mérite sur la scène artistique locale et nationale.

Cet espoir trouve pour symbole +la colombe blanche+, une signature picturale présente dans toutes ses œuvres, qui traitent de thèmes différents mais avec une prédominance des paysages naturels, des couleurs vives et de la représentation des enfants en train de jouer et de semer la joie.

L’artiste confie que ses tableaux sont autant de miroirs reflétant son univers intérieur et ses sensations, mais traduisant aussi la vie et le monde de toute personne souffrant d’un handicap, ses espoirs et ses horizons qui vont au-delà de sa condition physique.

Par ailleurs, Lamiae Khamlichi refuse de cantonner ses oeuvres dans les standards de +l’art naïf+, préférant parler +d’art naturel+, +d’expression sincère de l’intime+ ou encore +d’art spirituel+ imprégné de l’âme et de la volonté de la personne à besoins spécifiques.

Elle appelle, dans ce sens, les artistes de Tétouan à s’intéresser à la créativité de cette catégorie d’artistes et leur ouvrir les portes des galeries et expositions, afin de mieux sensibiliser la société sur le potentiel des personnes handicapées et donner l’exemple en matière d’égalité des chances et d’ouverture au sein de la société.

L’artiste ambitionne, de son côté, de faire de son atelier sis au centre de l’Association Hanane de Tétouan, un lieu ouvert pour former les enfants à besoins spécifiques aux techniques du dessin et de la peinture, mettant à contribution son expérience dans ce domaine.

Pleine de foi et de détermination, Lamiae Khamlichi, qui nourrit sa persévérance du regard d’admiration que porte le public sur ses œuvres, poursuit sereinement son chemin en vue de marquer son empreinte dans la scène artistique nationale, à l’image des autres artistes peintres tétouanais Ahmed Ben Yessef, Abdelkrim El Ouazzani, Bouzid Bouabid, Mekki Mghara, Alami Bertouli ou encore Saâd Ben Seffaj.

LNT
MAP


«Yes, we are ! Moroccans», photographies et vidéos de Lamia Naji : La rafale jeune

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Histoire de commencer l’année en culture, nous vous invitons à découvrir la première exposition de la nouvelle saison culturelle de l’Institut Français de Casablanca et l’un des derniers travails photographiques de l’artiste Lamia Naji, « Yes, we are ! Moroccans ». Partez à la rencontre des jeunes festivaliers qui font vibrer le festival L’Boulevard, à l’Institut français  de Casablanca jusqu’au 31 janvier 2014.

Lamia Naji est une photographe et vidéaste née à Casablanca, où elle vit et travaille. Une photographe de l’humain, une exploratrice du monde, captant les instants en clair-obscur, en créant une intensité poétique et une ambiance doucement nostalgique.

Son travail a été exposé dans des institutions de renommée internationale,  tels que le Musée Guggenheim de New-York, en 1996 dans le cadre de l’exposition collective « African Photographers, 1940 to the Present », ou encore le Centre International de Photographie de New-York, en 2006 dans le cadre de l’exposition collective « Snap judgements : New positions in contemporary African Photography », qui a également été  présenté au Miami Art Central de Miami, au Musée Tamayo de Mexico et au musée Stedelijk  d’Amsterdam. Elle a participé en 2009 à la Biennale des images du monde, Photoquai, à Paris, et à Paris Photo, foire parisienne de photographie. Elle été également présente en 2010 et 2011 à la foire d’art Art Dubai, à Dubai. Ses vidéos ont été diffusées lors de la cinquième édition en 2013 d’Arte Vidéo Night, programme télévisuel de la chaine Arte, dédié à l’art vidéo.

Les photographies de l’exposition « Yes, We are ! Moroccans » sont le résultat de l’immersion de Lamia Naji auprès des festivaliers de L’Boulevard, durant  la durée des festivités à la fabrique culturelle des anciens abattoirs de Casablanca. Le festival fêtait sa 14ème édition en 2013. Il a été créé par l’association EAC-L’Boulevart (éducation artistique et culturelle) qui  « milite pour la promotion et le développement des musiques actuelles et de la culture urbaine au Maroc ». EAC-L’Boulevart organise des ateliers, concerts, rencontres et festivals et a créé le Boutlek en 2010, «  premier centre de musiques actuelles au Maroc », qui propose aux artistes formations, salles et studios, les soutenant tout le long de leur processus créatif.

Lamia Naji propose des triptyques photographiques, 3 images capturées en rafale, qui suivent les mouvements de chaque instant. Lamia Naji se sert de l’appareil photographique comme d’une caméra sur l’épaule, en récoltant les images pour créer des séquences qui s’animent tel un film. Elle sélectionne trois images de ses séquences, qu’elle présente sous cadre. De cette capture, Lamia Naji recrée le mouvement, le moment, par suite successive d’images qui s’animent. Elle a réalisé une vidéo à partir des nombreux clichés pris tout au long du festival, présenté à l’Institut Français, et qui fait partie des collections de la Maison européenne de la photographie (Paris 4). Ce montage photographique a réuni près de 1300 images. L’utilisation de photographies dans la création animée nous fait penser à l’une des grandes invention du 19ème siècle : le Praxinoscope d’Emile Reynaud. Appareil conçu pour créer l’illusion du mouvement, à partir d’images, invention majeur, ancêtre du cinématographe des Frères Lumières et de notre fameuse caméra.

« Yes we are ! Moroccans »

« (…) sonne comme le cri d’espoir d’une jeunesse marocaine farouchement déterminée à vivre heureuse, dans la différence et surtout unie». Les images s’animent. On suit le mouvement et on y retrouve une jeunesse qui danse, chahute, aux expressions de joie et d’allégresse. Des jeunes aux sourires radieux, dans un moment éphémère de festivité. Les mains sont omniprésentes, mains dans les mains, les doigts en Peace and Love, brandis fièrement, et les grimaces taquines, sur leurs visages épanouis.  La jeunesse présentée sur les clichés est une jeunesse qui semble libérée, s’assumant pleinement. C’est en effet le but de ce festival, qui rassemble et permet à tout un chacun, d’avoir un espace d’expression libre momentané. C’est donc un fragment de la jeunesse marocaine que Lamia Naji nous présente ici, mais également un aperçu des retombées positives de la culture sur nos jeunes, qui, nous l’espérons toujours, fera un jour écho dans les esprits de nos décisionnaires, pour impulser des dynamiques culturelles fortes et donner des moyens aux porteurs de projets de notre pays.

Constance Durantou-Reilhac

Institut Français de Casablanca,
Du 09 au 31 janvier 2014

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A la rencontre de l’artiste

Pour retrouver la photographe et lui poser des questions sur son travail, nous vous convions à participer le 18 janvier à 15 h00 au premier «Tchats Photo» (rencontre autour de la photographie marocaine) de la nouvelle saison culturelle de l’Institut Français, intitulée : «Lamia Naji, du Gnaoua au L’Boulevard». Lamia Naji y sera toujours en compagnie de la médiatrice Marie Moignard, historienne de l’art et journaliste.

El Jadida: Exposition collective de 30 plasticiens

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Une trentaine d’artistes plasticiens représentants les différentes régions et villes du Maroc exposeront collectivement leurs récentes oeuvres du 31 janvier au 08 février à la galerie Chaibia Talal à El Jadida.

Initiée par l’Association “Zouhour de l’art et du patrimoine” et “le Forum régional de la culture et du développement” à El Jadida, cette exposition offre l’opportunité aux passionnés de l’art de découvrir les créations de jeunes artistes qui viendront à l’occasion exposer aux côtés d’artistes professionnels représentants les différents écoles et tendances des arts plastiques.

Cette exposition collective qui sera marquée par la présence d’un invité de marque, à savoir l’artiste peintre Houssein Talal, vise aussi à initier des échanges entre différentes générations d’artistes et encourager les jeunes talents à percer leurs voies dans le domaine, indiquent les organisateurs de cette manifestation artistique d’envergure nationale.

Dans le cadre de cet événement culturel, des ateliers de peinture seront organisés à “la bibliothèque multimédia Idriss Tachfini” au profit d’artistes en herbe.

Au programme de cette manifestation culturelle figurent également l’organisation d’une soirée artistique à Azemmour, des ateliers sur l’environnement et des concours sportifs.

Une visite guidée pour la découverte des principaux sites touristiques de la ville d’Azemmour sera aussi organisée au profit des artistes participant à cette exposition collective.

LNT/MAP

Regards pluriels sur la ville de Casablanca

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Il a été prouvé à travers les années que Casablanca reste la ville des paradoxes au Maroc. Il y a de tout, des pauvres qui n’ont rien à manger, des riches qui gaspillent leur argent à tout-va, des bidonvilles, des villas de luxe, des gens ouverts d’esprits pour qui tout est permis tant que l’on habite à Casablanca, et d’autres qui respectent toujours la culture marocaine et refusent d’accepter tout ce qui sort de l’ordinaire.
C’est sous le même angle que le Symposium Com’sup «Regards pluriels sur une ville blanche» a eu lieu. Organisé par un groupe d’étudiants, le symposium propose des pistes de réflexion sur les problématiques de la ville, notamment suite au discours royal, selon M. Mohamed Setti, ingénieur conseil et maître de conférences.

Évènement parrainé par le Wali du Grand Casablanca, le Symposium a relevé les multiples axes scientifiques et ludiques qui visent à promouvoir la ville blanche.
«Tout interpelle l’émotif vis-à-vis de Casablanca. Ville de paradoxe, elle l’a toujours été et le restera toujours, et c’est ce qui la différencie des autres villes. Mais il faut juste faire en sorte que ces paradoxes soient positifs», explique M. Mustapha Mellouk, Président de l’Association Carrières Centrales.
Pendant des années, Casablanca était, et reste le rêve de quelques personnes. En effet, certains croient que Casablanca est la ville où l’on peut réaliser ses rêves au Maroc, vu le nombre d’opportunités qu’elle offre pour les étudiants, les diplômés et ceux qui cherchent un travail dans n’importe quel domaine.

«Je suis de Safi ma mère m’a emmené à Casablanca ; c’était un rêve pour moi. Avec ces bâtiments, tout est si diffèrent de la ville où je suis né, mais Casablanca est devenue Casanegra. Quand je suis rentré de Norvège, je ne la voyais plus de la même façon. En rentrant, j’ai décidé de filmer la rue où la plupart des Casaoui se sentent libres de faire et dire ce qu’ils veulent, loin des parents. Casanegra et Zéro représentent Casablanca», explique M. Noureddine Lakhmari, cinéaste marocain.

L’événement a aussi été l’occasion de dénoncer les manquements et déviances qui empêchent les citoyens de profiter pleinement de leur ville.
«Les Casawis n’aiment pas leur ville. Il faut travailler sur nous-même pour faire bouger les choses, un besoin de changement est nécessaire mais chacun doit commencer par soi-même. Les politiciens doivent penser et apporter des solutions dans la ville», reprend le réalisateur.

La ville blanche souffre de plusieurs problèmes, ce qui a fait de cette rencontre une occasion de discuter de ses multiples facettes, afin de résoudre ces maux qui peuvent se résumer à la façon dont nous, Casablancais, traitons notre ville.

« Casablanca, c’est la Maroc. Si elle va mal, tout le Maroc ira mal. Elle donne beaucoup aux Marocains, mais ces derniers ne lui donnent rien. Il faut faire un tour dans les autres villes, pour voir ce que leurs bourgeois font pour leurs villes natales, y restant très attachés, alors que les bourgeois de Casablanca restent refermés dans leurs coins à Anfa Supérieur. Il faut donner à cette ville pour qu’elle nous donne aussi. Ma génération a une dette envers ces jeunes, nous vous avons négligés et laissé grandir tout seul. Il faut laisser les jeunes s’exprimer, sinon ils vont le faire de la pire façon, comme le 16 mai, et comme ce qui se passe après chaque match de foot», dénonce Ahmed Ghayat, Président de Marocains Pluriels.

Casablanca a un grand potentiel selon Driss Jaydane, auteur franco-marocain, et membre de l’Association Marocains Pluriels. «Je suis heureux et malheureux de vivre à Casablanca. Le paradoxe est vivant et la ville est, à travers cela, une ville de roman et de personnages. C’est une machine à rêver et créer des personnages tellement casawis. Paris se raconte pendant des années à travers ses romans et sa poésie, pourquoi ne pas en faire pareil pour Casablanca qui est tellement riche de personnages et de paradoxe, à en écrire plein de livres ?».
Il est aussi nécessaire d’éduquer les habitants de Casa à l’art, et de doter la ville d’infrastructures nécessaires pour cela, selon M. Jaydane.

Hajar Hamri

Immersion : Une exposition qui va à l’essentiel

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La galerie Art Holding Morocco accueille une exposition inédite de l’architecte Radia Lahlou. Sous l’intitulé « Immersion », l’exposition, qui a lieu du 30 janvier au 22 février, est une invitation à la découverte. De nombreuses thématiques puisées dans la vie de tous les jours sont tour à tour traitées par l’artiste. Inégalité, droits des femmes, printemps arabes, émancipation, hypocrisie sociale…..sont autant de sujets traités dans cette exposition. Radia Lahlou exploite divers canaux artistiques pour nous livrer au final, une expérience tout à fait novatrice. Ainsi, pour composer ses œuvres, la jeune architecte a restitué des témoignages, en collectant différents articles de la presse, textes de roman, de magazines, d’images découpées ici et les a utilisés, par un procédé de collage, sur le buste de ses «personnages». Elle invite ainsi le public à se faire une idée, en lisant ces fragments de texte, sur des phénomènes de la société. Radia Lahlou met en avant le corps de la femme. L’artiste évoque le fait qu’elle l’utilise pour exposer les injustices sociales, dont celle faite aux femmes. Elle évoque ainsi avec ironie et tact, la manipulation, l’impuissance des foules face au pouvoir des intérêts économiques, qui passent outre les valeurs et la moralité. A travers cette exposition, Radia Lahlou invite le public à aller à «s’immerger» dans le fond des choses pour aller à l’essentiel et laisser le superficiel. Car souvent, et en particulier dans la société marocaine, les gens sont attachés, voire prisonniers, des préjugés, de leur paraître et oublient le plus important. Vêtements, bijoux, voitures… autant d’accessoires qui n’ont pas vraiment de valeur, même s’ils sont souvent associés à la réussite ou l’appartenance sociale, alors qu’on en réalité, ils n’apportent rien. Hélas, on ne s’en aperçoit pas, et quand cela finit par arriver, c’est peut-être trop tard. On a passé les plus belles années de notre vie à courir derrière le superficiel, sans jamais aller à l’essentiel.  Pris dans un engrenage interminable de consommation, de séduction, de rôles à jouer, de paraitre à soigner… on s’aperçoit rarement que l’on passe à côté de belles choses, de belles valeurs, de belles sensations. Peut-être que cette exposition provoquera le déclic chez certains. On l’espère bien, pour leur grand bonheur.

LO

Sbihi met 10 Mdh dans les arts visuels

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Le ministre de la Culture, Mohamed Amine Sbihi a annoncé jeudi à Rabat, que son département a consacré, dans le cadre de son budget 2014, un montant d’environ 10 millions de DH au soutien des projets culturels et artistiques dans le domaine des arts plastiques et visuels et ce, sous forme d’appels à projets.

Intervenant lors d’un point de presse consacré à la présentation du programme national de soutien aux projets culturels et artistiques dans le domaine des arts plastiques et visuels, M. Sbihi a fait valoir que cette initiative vise à “encourager et accompagner les jeunes talents, les artistes réputés et les professionnels du secteur, à porter l’art contemporain au plus près du public et à favoriser l’essor de l’industrie culturelle, et ce dans le plein respect de la liberté de création”.

Le ministère de la Culture, a-t-il dit, est résolu à poursuivre sa politique de soutien, à travers de nouveaux mécanismes permettant d’appuyer les différents segments de l’innovation culturelle et artistique inhérente aux domaines de l’édition, la musique, les arts chorégraphiques, le théâtre et les arts plastiques et visuels.

La politique du ministère, selon M. Sbihi, ambitionne également d’habiliter les structures, agences et entreprises artistiques et culturelles à “intégrer graduellement la sphère des industries culturelles et novatrices”.

Et de préciser que l’appel à projets porte sur les domaines suivants : “La création artistique et les résidences d’artistes”, “l’édition de monographies d’artistes, de catalogues d’exposition, de revues et sites web consacrés à l’art”, “L’organisation d’expositions et de foires sur les arts plastiques et visuels”, “La participation aux foires et salons d’art contemporain”, “La création visuelle, et en particulier l’animation électronique et l’art interactif, la bande dessinée, la photographie d’art, l’immersion en 3D et la restitution visuelle”.

A cette occasion, M. Sbihi a appelé les médias nationaux, tous supports confondus, à accompagner les efforts consentis par son département pour favoriser l’aboutissement de cette nouvelle expérience, au service de l’innovation culturelle et artistique au Maroc.

 

LNT

 

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