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Le manifeste photographique de Zineb Andress Arraki (1ère partie)

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“Mosaïque  photographiques” appartenant aux albums de Mobilogy- Questioning the Usual- 

Aujourd’hui, nous vous emmenons à la rencontre de Zineb Andress Arraki, et de son exposition « Casablanca CH2O » à la galerie Shart, que vous pourrez apprécier jusqu’au 9 novembre 2013. Cette artiste plurielle mérite grandement que l’on s’attarde au 12, rue El Jihani, pour apprécier son travail photographique et plastique, véritable ode à la ville de Casablanca. Cette exposition est le fruit d’un double commissariat, celui de l’association Cultures Interface et de la Galerie Shart.

 Après une rencontre fortuite avec l’artiste lors de ma visite à la galerie, celle-ci, ouverte et souriante, me donne envie de rentrer dans son univers et de mener mon enquête.

Le rendez-vous est pris le samedi 19 octobre à 15 heures pour rencontrer Zineb Andress Arraki autour d’un Tchat Photo, à L’Institut Français. Ces rencontres autour de la photographie marocaine sont animées par Marie Moignard, historienne de l’art et journaliste.

Aujourd’hui, Zineb est à l’honneur, pour parler de la photographie mobile (prise à l’aide d’un téléphone portable) et de la photographie instantanée, sur le vif, dont elle est une brillante représentante.

 Je suis en avance, et j’aperçois Zineb Andress Arraki, la regarde déambuler, portable à la main, toute de noir vêtu, avant de lui faire signe. Elle sourit, du haut de sa silhouette gracile, en s’avançant vers moi. On sent chez elle une bonté naturelle, et un bouillonnement permanent de l’esprit qui se traduit dans sa gestuelle. Nous prenons place dans une salle de la médiathèque et, petit à petit, celle-ci se remplit, pour qu’enfin il ne reste plus de place vacante. On sent qu’elle est heureuse, notre artiste, de découvrir que son travail suscite autant de curiosité auprès d’un public mêlant des personnes de tous les âges, presque toutes munies d’un petit bloc note pour conserver la trace de cette rencontre.

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Marie Moignard et Zineb Andress Arraki devant l’Institut Français

Marie Moignard débute l’entrevue par un  rappel historique de la photographie instantanée au Maroc, en citant entre autre le Sultan Moulay Abd-al-Aziz, pouvant être considéré comme le premier photographe marocain, qui, au début du 20ème siècle, utilisa le procédé de la plaque stéréoscopique apportée de France par son ami Gabriel Veyre, ou encore Gabriel Soussan et Claude Sitbon, ayant photographié dans les années 60  la communauté juive de la médina de Casablanca, en passant par le grand photographe contemporain Daoud Oulad Sayed, jusqu’à l’évocation du collectif Tiitswi, né dans les années 2000, utilisant Instagram pour dévoiler leurs quotidiens.

Zineb Andress Arraki s’inscrit dans cette longue lignée de photographes appartenant au genre de l’instantané, sans pose ni fard, qui capture les instants de la vie.

 Marie Moignard passe alors la parole à Zineb Andress Arraki pour qu’elle nous parle de son parcours. De l’obtention de son diplôme d’architecte à  l’école spéciale d’architecture de Paris, au début de sa carrière dans le cabinet d’architecture d’Odile Decq et Benoit Cornette à Paris, jusqu’à l’éclosion de son désir photographique, en 2008, provoqué par le rythme soutenu de sa vie professionnelle, et de son besoin de s’échapper, « d’avoir quelques chose qui m’appartenait ». Sa grande maîtrise d’elle-même lorsqu’elle parle contraste avec les nœuds qu’elle forme avec son corps, montre un peu plus la personnalité complexe de l’artiste, entre force et fragilité, entre dynamisme permanent et sagesse intellectuelle.

Zineb Andress Arraki est une femme qui se nourrit littéralement de la littérature, s’en inspire, et s’y retrouve. C’est dans le recueil de Georges Perec, l’Infra-ordinaire, qu’elle nous explique avoir trouvé sa force créatrice et commencé à narrer, à l’aide de son téléphone portable, son quotidien, son habituel,  le même chemin, qu’elle arpente chaque jour, mais  meublé par des moments de vies et des êtres différents.

Chaque jour, sur Facebook,  trois photographies sont publiées, qui racontent une histoire et s’articulent entre elles. C’est le début de l’aventure  Mobilogy, suite d’albums photographique visant à « questionner les choses et les regarder pour essayer de les comprendre ».

Mobilogy , allie mobile, son outil de création et anthropology, science qui vise à l’étude de l’homme et des groupes humains. Et ce titre s’explique par la théorie de Perec, développée dans l’Infra-ordinaire : « (…) fonder enfin notre propre anthropologie: celle qui parlera de nous, qui ira chercher en nous ce que nous avons si longtemps pillé chez les autres. Non plus l’exotique, mais l’endotique.(…)Interroger ce qui semble tellement aller de soi que nous en avons oublié l’origine. (…).

 Mobilogy démarre à Paris, puis rentre dans les valises de Zineb au Maroc, celle-ci poursuivant son travail dans les villes marocaines, avec un attachement particulier à Casablanca, où elle est née et où elle réside. Petit à petit, Mobilogy devient un véritable succès sur internet, les internautes se prenant au jeu de ses brèves de vie et attendent, chaque jour, la suite des aventures de notre exploratrice. Elle est ensuite repérée par les professionnels du monde de l’art et est exposée, entre autres, durant la fameuse soirée Contemporary Morrocan Roots du 11-11-11 organisée par Amine Bendriouich,  au sein du prestigieux Espace culturel Louis Vuitton pour une exposition collective, intitulée  Autobiographies , et est invitée  à la première participation du Maroc à la biennale de photographie d’Amsterdam.

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Casablanca CH2O

Mobilogy, véritable performance artistique depuis près de cinq ans, tient une place importante dans la vie de l’artiste et a aujourd’hui pris racine dans la galerie Shart, accompagné de photographies grand format prises avec son Canon G12, et deux installations. Et c’est là-bas que me conduit Zineb Andress Arraki, dans le calme annuel de la ville, désertée par ses habitants célébrant gaiment l’Aïd el Kébir, aux quatre coins du Maroc et au-delà.

Dans un café proche de la galerie, je peux enfin poser les questions qui se bousculent dans mon esprit depuis plusieurs jours. La photographie est pour elle une étude préparatoire à l’édification de quelque chose, d’une pensée, d’une réflexion. A son retour au Maroc en 2011, elle décide de créer sa propre société ZAA, qu’elle décrit comme un atelier, qui lui permet de concevoir des projets artistiques  ou des commandes. Zineb Andress Arraki partage son temps entre l’architecture, la photographie, les cours qu’elle donne à la faculté d’architecture de Casablanca, et toutes les autres opportunités qui peuvent se présenter à elle.

C’est sa première exposition personnelle. Je lui demande comment elle se sent. Elle est surprise et heureuse du succès et des retours positifs de l’exposition, du rendu et de la qualité des impressions de ses photographies et de ses installations. Pour retracer la genèse de l’exposition, il faut parler de la rencontre entre Nawal Slaoui et Zineb Andress Arraki, dès son retour au Maroc. Nawal Slaoui, personnalité très reconnue du milieu de l’art contemporain marocain pour son  activité dynamique et sa défense acharnée de la création contemporaine, en tant que galeriste, collectionneuse d’art, ayant contribué à la création de la fondation Actua de Attijariwafa bank, collaborant avec des artistes marocains dans diverses projets et depuis 2010, en temps que fondatrice de  Cultures Interface. Avec pour vocation «  la production et la diffusion de la création contemporaine du Maghreb».

C’est donc la rencontre parfaite pour Zineb, qui commence à collaborer avec Nawal Slaoui sur divers projets, dont l’exposition collective « The World is not as I see it » où Zineb partageait l’affiche avec Amina Benbouchta, Hicham Berrada, Simohammed Fettaka et Driss Ksikes. Cette exposition a été présentée à la galerie  Dominique Fiat à Paris et au Musée de la fondation Abderrahman Slaoui de Casablanca.

L’envie de monter l’exposition personnelle de Zineb Andress Arraki vient de Nawal Slaoui et de son ami et collaborateur Hassan Sefrioui, directeur de la galerie Shart, haut lieu de culture Casaoui.

Constance Durantou-Reilhac

La Seconde Partie de l’article : Le manifeste photographique de Zineb Andress Arraki (2ème partie)

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Encadré : 

  • À  suivre et à recommander

 

Zineb Andress Arraki sur FB et sur son site perso, et à la galerie Shart  jusqu’au 9 novembre

  • À suivre assidument 

 

L’actualité de la Galerie Shart 

 

L’actualité de Cultures Interface 

 

 

  • À dévorer dès sa parution en 2014  

 

Le livre de Marie Moignard, « Une histoire de la photographie Marocaine. » 

Le supplément de La vie éco du 19  décembre 2008 

À consulter de toute urgence pour en savoir plus sur le patrimoine architectural de Casablanca 

 

Le site de Casamémoire « Association de sauvegarde du patrimoine architectural du XXe », qui organise depuis 2011 chaque année avec l’Institut Français dans le cadre de la saison culturelle France-Maroc, L’Université Populaire du Patrimoine, un cycle de conférence pour : « proposer au public l’enseignement nécessaire à la compréhension du patrimoine et de ses enjeux dans notre société. », et bien sûr les Journées du Patrimoine, qui célèbreront en 2014 leur 5ème anniversaire.

 

 

 


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