Quantcast
Channel: La Nouvelle Tribune » Expositions / Arts
Viewing all articles
Browse latest Browse all 84

Maria Kabbaj : « Pour moi la photo est une idée qui est en soi une émotion potentielle»

$
0
0

mariakabbaj

La jeune artiste Maria Kabbaj présente ses travaux du 30 mai au 21 juin 2013 à Matisse Art Gallery. Un coup d’essai qui ne passera pas inaperçu et qui ne laissera sûrement pas insensible le public. Les amateurs de photographie y trouveront sans doute un terrain fertile de découverte, de partage et d’échange. Dans cet entretien l’artiste nous livre « les coulisses» de la réalisation de cette exposition, mais également son parcours, sa vision de l’art…

Il s’agit de votre première exposition au Maroc. Avant d’en parler, dites-nous d’abord comment vous êtes arrivée dans le monde de l’art, et pourquoi avez-vous choisi la photographie en particulier, sachant que vous étiez destinée à être designer ? 

Disons que j’ai toujours baigné dans un environnement artistique, par le biais de ma famille et de mon entourage proche. Très jeune, j’ai été attirée par l’art plastique et j’ai aimé travailler avec mes mains. Par la suite, lorsque j’ai été amenée à présenter une série photos combinée d’installations de toutes sortes pour l’épreuve d’art plastique du baccalauréat, mes évaluateurs m’ont vivement recommandé de suivre cette voie, celle de l’Art.

Ma décision prise, je décidai de rejoindre la Central Saint Martins Collège of Art and Design à Londres et j’ai passé une année préparatoire aux métiers de l’art à Paris pour préparer un portfolio de styliste modéliste. Mes travaux étaient toujours accompagnés de photos pour les mettre en scène. Et à ma grande surprise, ce sont mes photos qui ont retenu davantage l’attention de mes évaluateurs. J’ai alors décidé de suivre un cours qui correspondait parfaitement à mes attentes, Fashion Communication with Promotion. Celui-ci englobait la photo, le stylisme, donc mise en situation : un cours très libre et qui nous oriente sur la voie de notre personnalité artistique.

Pour moi la photo, le stylisme, le design, la peinture, font partie d’une seule et même sensibilité. Le monde de l’art, l’art comme seul domaine, seul moyen à partir duquel on peut se tester et se découvrir dans plusieurs disciplines.

LIGHT4

Le fait d’avoir côtoyé de grands noms de la photographie à l’échelle mondiale serait-il derrière le choix de cette discipline ? Qu’est que cette expérience vous a apporté sur le plan personnel et professionnel ?

A vrai dire, j’avais déjà jeté mon dévolu sur la photo bien avant de côtoyer Hiro, et c’est parce que j’aimais la photo que j’ai eu la chance de pouvoir assister Hiro pendant une année dans son studio new yorkais. Pour moi, il a été le révélateur de toutes mes ambitions. Il m’a appris en quoi consistait réellement le métier de photographe et comment il fallait l’approcher. Hiro est un perfectionniste dans tous les aspects de la photographie, il maîtrise aussi bien la photo publicitaire, que la photographie de mode, depuis l’art du portrait jusqu’à celui du paysage. C’est vraiment impressionnant de voir tout ce qu’il a accompli à l’échelle américaine et mondiale.

Je me souviens de la première phrase qu’il m’ait dite lors de mon entretien avec lui, « ne serait-ce que respirer dans mon studio vous ferait du bien ». Ce n’est qu’après 8 mois que j’en ai compris le sens. Hiro est une méthodologie à lui tout seul, une routine adaptée à chaque journée. Son studio regorge d’histoires, d’archives, de clichés… Hiro était plein d’anecdotes aussi célèbres qu’étaient les gens qui l’entouraient.

De Hiro, j’ai retenu le sérieux, le calme, la discipline et la rigueur, valeurs si prisées des Japonais ;  la réflexion avant l’exécution, les recherches avant l’exécution pour comprendre la démarche des grands du métier, lui y compris. Il m’expliquait pendant des heures comment certains clichés avaient été réalisés à l’époque où Photoshop n’existait pas. Comment mettre toutes les chances de son côté pour réaliser une belle photo. Être créatif à profusion. Laisser libre recourir à son imagination et ne lui imposer que les limites que l’on souhaite bien lui imposer.

Au moment où le numérique se développe de manière vertigineuse et où presque tout le monde possède des outils qui permettent de prendre des photos tous azimuts, cette discipline n’aurait-elle pas tendance à être banalisée ? 

Il est vrai que de nos jours avec ces appareils photos super pro à la portée de tout le monde, quiconque peut réaliser de très belles photos, de beaux paysages, ou des clichés insolites, mais ça s’arrête là. Car un bon photographe ne se résume pas à un bon technicien. Si je veux une belle photo des Maldives, je m’achèterais un livre sur les Maldives. Un photographe, c’est quelqu’un qui est à la recherche de la bonne lumière, de la bonne prise de vue, de la bonne expression, ou de la bonne idée.

Je ne me promène pas un appareil photo sous le bras, car je n’en éprouve pas le besoin, je n’exprime pas ma passion en étant à l’affût de clichés, mais je me promène un petit carnet sous le bras car je suis à l’affût de la bonne idée.

5THETRUSTING-copie

Vous considérez la photographie comme « un media permettant de véhiculer une idée précise, un moyen de communiquer. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

J’aime la photo car j’aime le media, j’aime l’émotion directe qu’il permet de transmettre. Pour moi la photo est une idée qui est en soi une émotion potentielle. Il faut développer l’idée pour développer l’émotion. La mise en situation fait partie de ma méthodologie de travail aujourd’hui. J’y prends beaucoup de plaisir et c’est ce qui me définit à ce jour. Mais je reste ouverte pour explorer plus tard d’autres aspects de cette discipline.

La présente exposition intitulée « Embrace » est axée autour de deux thématiques « The Relationship » et « The Light ». Pouvez-vous nous en dire plus sur ce choix ? Et quelle est l’idée ou les idées que vous souhaitez véhiculer à travers cette exposition ?

« The Relationship » est une série composée de 15 photos qui définissent les différentes étapes de la relation amoureuse. Imagée en  nature morte, il pourrait s’agir d’une relation fusionnelle entre légumes et fleurs, deux êtres à part entière qui se rejoignent dans l’expression d’une émotion créée.

Une relation amoureuse peut passer par plusieurs étapes pour quelques-uns alors que d’autres voient leur relation s’arrêter à une seule.

La deuxième série qui sera présentée est  « The Light »  composée de 7 photos avec pour symbolique la naissance de l’Idée, étant à la fois mère et fille de l’inspiration originelle, naissance ou point d’équilibre précaire de toute création artistique.

LO

 


Viewing all articles
Browse latest Browse all 84

Trending Articles