Il a été prouvé à travers les années que Casablanca reste la ville des paradoxes au Maroc. Il y a de tout, des pauvres qui n’ont rien à manger, des riches qui gaspillent leur argent à tout-va, des bidonvilles, des villas de luxe, des gens ouverts d’esprits pour qui tout est permis tant que l’on habite à Casablanca, et d’autres qui respectent toujours la culture marocaine et refusent d’accepter tout ce qui sort de l’ordinaire.
C’est sous le même angle que le Symposium Com’sup «Regards pluriels sur une ville blanche» a eu lieu. Organisé par un groupe d’étudiants, le symposium propose des pistes de réflexion sur les problématiques de la ville, notamment suite au discours royal, selon M. Mohamed Setti, ingénieur conseil et maître de conférences.
Évènement parrainé par le Wali du Grand Casablanca, le Symposium a relevé les multiples axes scientifiques et ludiques qui visent à promouvoir la ville blanche.
«Tout interpelle l’émotif vis-à-vis de Casablanca. Ville de paradoxe, elle l’a toujours été et le restera toujours, et c’est ce qui la différencie des autres villes. Mais il faut juste faire en sorte que ces paradoxes soient positifs», explique M. Mustapha Mellouk, Président de l’Association Carrières Centrales.
Pendant des années, Casablanca était, et reste le rêve de quelques personnes. En effet, certains croient que Casablanca est la ville où l’on peut réaliser ses rêves au Maroc, vu le nombre d’opportunités qu’elle offre pour les étudiants, les diplômés et ceux qui cherchent un travail dans n’importe quel domaine.
«Je suis de Safi ma mère m’a emmené à Casablanca ; c’était un rêve pour moi. Avec ces bâtiments, tout est si diffèrent de la ville où je suis né, mais Casablanca est devenue Casanegra. Quand je suis rentré de Norvège, je ne la voyais plus de la même façon. En rentrant, j’ai décidé de filmer la rue où la plupart des Casaoui se sentent libres de faire et dire ce qu’ils veulent, loin des parents. Casanegra et Zéro représentent Casablanca», explique M. Noureddine Lakhmari, cinéaste marocain.
L’événement a aussi été l’occasion de dénoncer les manquements et déviances qui empêchent les citoyens de profiter pleinement de leur ville.
«Les Casawis n’aiment pas leur ville. Il faut travailler sur nous-même pour faire bouger les choses, un besoin de changement est nécessaire mais chacun doit commencer par soi-même. Les politiciens doivent penser et apporter des solutions dans la ville», reprend le réalisateur.
La ville blanche souffre de plusieurs problèmes, ce qui a fait de cette rencontre une occasion de discuter de ses multiples facettes, afin de résoudre ces maux qui peuvent se résumer à la façon dont nous, Casablancais, traitons notre ville.
« Casablanca, c’est la Maroc. Si elle va mal, tout le Maroc ira mal. Elle donne beaucoup aux Marocains, mais ces derniers ne lui donnent rien. Il faut faire un tour dans les autres villes, pour voir ce que leurs bourgeois font pour leurs villes natales, y restant très attachés, alors que les bourgeois de Casablanca restent refermés dans leurs coins à Anfa Supérieur. Il faut donner à cette ville pour qu’elle nous donne aussi. Ma génération a une dette envers ces jeunes, nous vous avons négligés et laissé grandir tout seul. Il faut laisser les jeunes s’exprimer, sinon ils vont le faire de la pire façon, comme le 16 mai, et comme ce qui se passe après chaque match de foot», dénonce Ahmed Ghayat, Président de Marocains Pluriels.
Casablanca a un grand potentiel selon Driss Jaydane, auteur franco-marocain, et membre de l’Association Marocains Pluriels. «Je suis heureux et malheureux de vivre à Casablanca. Le paradoxe est vivant et la ville est, à travers cela, une ville de roman et de personnages. C’est une machine à rêver et créer des personnages tellement casawis. Paris se raconte pendant des années à travers ses romans et sa poésie, pourquoi ne pas en faire pareil pour Casablanca qui est tellement riche de personnages et de paradoxe, à en écrire plein de livres ?».
Il est aussi nécessaire d’éduquer les habitants de Casa à l’art, et de doter la ville d’infrastructures nécessaires pour cela, selon M. Jaydane.
Hajar Hamri